"Sorge l'irato nembo
e la fatal tempesta,
col mormorar dell'onde
ed agita e confonde
e Cielo e Mar."
e la fatal tempesta,
col mormorar dell'onde
ed agita e confonde
e Cielo e Mar."
Parfois, je cherche à me faire saigner, en m'imaginant que Venise meurt avant moi, qu'elle s'engloutit, n'ayant finalement rien exprimé, sur l'eau, de sa figure. S'enfonçant, non pas dans des abîmes, mais de quelques pieds sous la surface ; émergeraient ses cheminées coniques, ses miradors, où les pêcheurs jetteraient leur ligne, son campanile, refuge des derniers chats de Saint-Marc. Des vaporetti penchés sous le poids des visiteurs sonderaient la surface où se délaie la fange du passé ; des touristes se montreraient du doigt l'or de quelque mosaïque, entre cinq ballons de water-polo flottants : les dômes de Saint-Marc ; la Salute servirait de bouée aux cargos ; au-dessus du Grand Canal des bulles monteraient, dégagées par les hommes-grenouilles cherchant à tâtons les bijoux des Américaines dans les coffres d'un Grand Hôtel immergé. « Quelle prophétie a jamais détourné un peuple du péché ? » dit Jérémie.
Paul Morand Venises Éditions Gallimard, 1971
Un rêve insolite et cruel, possible... qui résonne étrangement dans notre actualité météorologique. Comme un désir de dévoration par l'eau. Magnifiques écriture, photos et musique.
RépondreSupprimerLa voix de Marilyn Horne est une tempête à elle toute seule ; avec elle tous les naufrages deviennent désirables !
Supprimerhum ! vous avez raison !
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