Translate

mercredi 19 février 2014

Ecce Video





In memoriam E. H.

ritrovato nel suo appartamento
nove mesi dopo il decesso
seduto davanti alla tv




Morì fissando il suo Televisore
la sfera di cristallo del presente,
guardava il Niente e ne vedeva il cuore,
cercava il Cuore e non vedeva niente.

Chi sfidò il lezzo del buio malfermo
si accorse che veniva dall'Illeso,
non dal Morto, ma dal Morente Schermo,
non dal Corpo, bensì dal Video acceso.

Carogna divorata dagli insetti,
il Monitor frinisce e brilla breve
senza più palinsesti e albaparietti.

La Sua vita larvale svanì lieve
(goal, quiz, clip, news, spot, film, blob, flash, scoop, E.T.),
circonfusa di niente, effetto neve.

Valerio Magrelli Poesie (1980-1992) e altre poesie, ed Einaudi






En mémoire de E. H.
retrouvé dans son appartement
neuf mois après son décès
assis devant la télévision




Il est mort en fixant son Téléviseur
la boule de cristal du présent,
il regardait le Rien et en voyait le cœur,
il cherchait le Cœur et il ne voyait rien.

Qui chancelant brava la puanteur obscure
s'aperçut qu'elle émanait de l'Indemne,
non pas du Mort, mais du Mourant Ecran,
non pas du Corps, mais du Téléviseur allumé.

Charogne dévorée par les parasites,
l’Écran grésille et brille par instants

sans plus de programmes ni d'albaparietti.

Sa vie larvaire s'évanouit imperceptiblement
(goal, quiz, clip, news, spot, film, blob, flash, scoop, E.T.),
auréolée de néant, effet de neige.

(Traduction personnelle)







7 commentaires:

  1. Je n'aime pas cette page : photos et vidéo vulgaires. Poème inutilement cruel.

    RépondreSupprimer
  2. Ma première réaction étant écrite, je passe à la seconde. Dans ce poème on lit :
    "la boule de cristal du présent,
    il regardait le Rien et en voyait le cœur,
    il cherchait le Cœur et il ne voyait rien."
    et ça, c'est tout à fait extraordinaire, car ces mots reflètent bien ce vide de tant de vies qui mirent leur ennui sur le vide des petits écrans devant lesquels on s'endort et qui endorment notre vigilance, notre courage d'être.
    Mais les images, comme elles sont laides et sexistes. Vraiment je ne vous reconnais pas ! Il suffisait de mettre en image le Rien face au Rien...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je reprends en fait ici un message que j'ai publié il y a déjà longtemps sur ce blog ; j'aime beaucoup ce poème de Magrelli, et pour une fois, je suis assez content de ma traduction...

      Pour les illustrations, elles se réfèrent à un vers du poème, où il est question de l'animatrice Alba Parietti, très populaire en Italie, et que l'on peut voir sur ces images. C'est un exemple du mauvais goût qui caractérise souvent la télévision italienne, mais je ne crois pas que le terme "sexiste" soit ici approprié. Paradoxalement, les femmes sont très présentes à la télévision italienne, comme animatrices et productrices, beaucoup plus qu'en France. Alba Parietti est un très fort caractère, et une femme d'influence ; elle assume pleinement l'image qu'elle donne d'elle-même, même si elle n'est pas toujours très flatteuse, comme c'est le cas ici. Franchement, je peux voir là un certain mauvais goût, mais en tout cas aucun sexisme !

      Supprimer
    2. J'évoquais ce plaisir trouble des hommes à voir des femmes se battre dans la boue. Je comprends mieux le choix des images après votre explication. N'empêche qu'elles sont moches (référence ou pas à Alba Parietti).
      C'est dommage, ça écrase le poème très beau, qui, il est vrai, gagne à être lu et relu.

      Supprimer
  3. Comment ne pas penser à ce terrible sketch du film" I mostri " de Dino Risi où l'homme du 20ème siècle Tognazzi reste toute la soirée les yeux rivés sur l'écran de son téléviseur (jusqu'à l'apparition de la mire !) pendant que son épouse reçoit son amant dans le même appartement. Peut-on parler de comédie ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Très bonne référence ! Le sketch s'intitulait "L'Opium du peuple"... A propos de Dino Risi, je vous conseille son livre de souvenirs qui vient de paraître en traduction française, "Mes monstres", aux éditions de Fallois.

      Supprimer
  4. Excellent ! Merci. Je ne connaissais ni ce film, ni cette séquence.

    RépondreSupprimer