Jeudi 18
octobre, une heure et demie du matin (le 19). J’ai assisté cette après-midi,
dans la clairière des Trônes, puis dans celle de l’Être, à un merveilleux
concert de musique de chambre du vent. Il est meilleur dans les formes intimes,
je trouve, que dans les vastes compositions symphoniques où il a tendance à
exagérer les effets dramatiques et les grands crescendos un peu trop
prévisibles. Dans le quatuor de chênes ou le quintette avec orme, il est exquis
de délicatesse, de nervosité, d’invention, d’humour, de tendresse et de
véhémence. Même ses silences sont incomparables, abrupts comme ses meilleurs
effets de timbre, baguenauds, déhanchés, et soudain exaltés, lyriques et puis
non, soumis à force d’insoumissions contradictoires à un art j’men-fichiste et
précis de la fugue. Les chiens eux-mêmes étaient sous le charme, d’autant que
leur médecin, la mort, ne leur permet plus beaucoup de plaisirs de plein air.
Renaud Camus Vue d’œil, Journal 2012 Éditions Fayard, 2013
Original ce concert en forme d'autoportrait !
RépondreSupprimerIl s'agit là d'une des plus belles pages de ce tome de journal, et d'un immense clarinettiste ! Merci !
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