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vendredi 3 mai 2013

Quintette avec orme




Jeudi 18 octobre, une heure et demie du matin (le 19). J’ai assisté cette après-midi, dans la clairière des Trônes, puis dans celle de l’Être, à un merveilleux concert de musique de chambre du vent. Il est meilleur dans les formes intimes, je trouve, que dans les vastes compositions symphoniques où il a tendance à exagérer les effets dramatiques et les grands crescendos un peu trop prévisibles. Dans le quatuor de chênes ou le quintette avec orme, il est exquis de délicatesse, de nervosité, d’invention, d’humour, de tendresse et de véhémence. Même ses silences sont incomparables, abrupts comme ses meilleurs effets de timbre, baguenauds, déhanchés, et soudain exaltés, lyriques et puis non, soumis à force d’insoumissions contradictoires à un art j’men-fichiste et précis de la fugue. Les chiens eux-mêmes étaient sous le charme, d’autant que leur médecin, la mort, ne leur permet plus beaucoup de plaisirs de plein air. 

Renaud Camus  Vue d’œil, Journal 2012  Éditions Fayard, 2013 








Images : Renaud Camus  (Site Flickr)




2 commentaires:

  1. Original ce concert en forme d'autoportrait !

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  2. Il s'agit là d'une des plus belles pages de ce tome de journal, et d'un immense clarinettiste ! Merci !

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