"Coraggio, il meglio è passato..."
Quelques aphorismes de Guido Ceronetti, extraits de l'anthologie La fragilità del pensare, Biblioteca Universale Rizzoli, 2000 (Traductions personnelles) :
Ali (Ailes)
Le ali cadranno ma la loro traccia nell'aria resterà.
Les ailes tomberont, mais leur trace dans l'air restera.
Farfalle (Papillons)
È inutile che cerchi. Le farfalle non abitano più qui.
Il est inutile de les chercher. Les papillons ne vivent plus ici.
Silenzio (Silence)
La Bellezza di Dio è il Silenzio.
La Beauté de Dieu, c'est le Silence.
Messia (Messie)
Il Messia non viene.
«Ma perché dovrebbe venire ?»
«Non lo so.»
Le Messie ne vient pas.
«Mais pourquoi devrait-il venir ?»
«Je ne sais pas.»
Erba (Herbe)
I fili d'erba sono angeli senz'ali
Occhi (Yeux)
Morire, per gli occhi, non è spegnersi : è assetati di lacrime restare asciutti.
Mourir, pour les yeux, ce n'est pas s'éteindre : c'est, assoiffés de larmes, rester
secs.
Paesaggio (Paysage)
Il
paesaggio è una beatitudine che non conosceremo più, è qualcuno molto
caro che all'improvviso ha avuto un sospiro ed è stato portato via tra i
morti, e ancora c'è il suo nome sulla porta, le stanze vuote.
Le
paysage est un bonheur que nous ne connaîtrons plus, c'est quelqu'un de
très cher qui soudain s'est senti mal et a rejoint le royaume des
morts, mais il y a encore son nom sur la porte de sa maison vide.
Peggio (Pire)
Temevamo il peggio.
È venuto.
Nous craignions le pire.
Il est arrivé.
Strage (Massacre)
Per assistere a una strage basta affacciarsi un momento.
Pour assister à un massacre, il suffit de se mettre un moment à la fenêtre.
Miseria (Misère)
Dal catalogo senza fine delle miserie, come escludere la prima e fondamentale, la miseria di essere nati ?
De la liste interminable des misères, comment exclure la première, et fondamentale, la misère d'être nés ?
Eiger
Delicate guide invisibili, portatemi sull'Eiger.
Délicats guides invisibles, conduisez-moi sur l'Eiger.
Images : en haut, Piero della Francesca Le Songe de Constantin (détail), Arezzo, Eglise San Francesco
au centre, (1) Virginia Barnabè (Site Flickr)
(2) Paolo Margari (Site Flickr)
en bas, Christoph Hurni (Site Flickr)
Pour rejoindre cette beauté, une pensée de Roger Munier ("La dimension d'inconnu" /José Corti) :
RépondreSupprimer"Et je pensais : le silence est au sein du bruit, plus profond que le bruit. Peu importe le bruit, si l'on sait retrouver ce plus profond du bruit..."
Je le trouve, ici, chez vous, Emmanuel, aussi impalpable que la neige.
Mais le temps ne passe pas ! Lisant en cette page ces aphorismes de Guido Ceronetti je pensée ombre et lumière, silence et musique. Posant les yeux sur cette aile de Piero della Francesca je suis ailleurs, là où s'atténuent les chocs de ce monde, où chuchotent enfin les voix jusqu'à devenir crissement de plume sur une page ou soie de pinceau sur un mur. Murmures apaisants, questions qui effacent les questions sans réponse. Merci.
RépondreSupprimerIl y a une nouvelle de Pirandello (je ne me rappelle plus le titre) où un paysan assassine un gendarme coupable de s'être assis sur son brin d'herbe préféré. Je comprends mieux le paysan, maintenant que j'ai appris la vraie nature du brin d'herbe.
RépondreSupprimerJe n'aurais pas pensé à ce rapprochement, vraiment très pertinent ! Il s'agit d'une nouvelle d'inspiration franciscaine qui s'intitule "Canta l'Epistola" ("Chante l'Epître"), mais c'est en fait le militaire qui tue le paysan (Tommasino, séminariste raté, surnommé "Chante l'Epître") après l'avoir provoqué en duel parce qu'il avait insulté sa fiancée, coupable d'avoir arraché le brin d'herbe auquel Tommasino s'était passionnément attaché...
SupprimerOn peut trouver sur internet le discours complet d'Arnaud d'Hauterives "L'onirisme en peinture" (prononcé le 17/11/2010) à l'occasion de ?. Cet extrait me parait en harmonie avec le choix de la première image :
RépondreSupprimerPiero della Francesca dans Le Songe de l’empereur Constantin.
"Cette belle scène nocturne, unique dans le travail du peintre, « chante la nuit, en grand silence, en majesté ». Constantin dort, abandonné à la quiétude de l’instant dans le triangle d’une tente qui occupe le centre de la toile. Largement ouverte, la tenture évoque le manteau protecteur de la Madone de la miséricorde. La vision se pressent dans la douceur de la lumière patinée de nuit par les nuances précieuses bleu, rose et ivoire. La vision se devine au bord des yeux voilés du jeune homme qui veille Constantin, un bras appuyé, la nuque noyée dans les plis de sa toge blanche. La vision s’incarne dans le vol de l’ange qui passe, un bras tendu, désignant ce que l’œil du spectateur qui retient son souffle ne voit pas mais qui sera soudain révélé à l’empereur, le signe de la victoire promise, inscrit sur une croix blanche. Piero représente l’instant qui précède le présage, ce frémissement de l’invisible avant l’accomplissement de la vision, l’indicible et éphémère instant des prémices du songe. La lumière sacrée de la prophétie patine les plis des matières soyeuses comme des ailes et nimbe le réel aux lignes géométriques, triangle, droite et diagonale de la tente et des lances. A l’image du jeune garde qui veille, l’artiste est sur le seuil, à l’orée de l’inspiration, ici et là-bas."
Pourriez-vous nous poser la toile entière ?
Voici le lien pour lire le texte en entier :
RépondreSupprimerhttp://www.academie-des-beaux-arts.fr/actualites/seancesanuelles/2010/Discours%20de%20M.%20d%27Hauterives_s%C3%A9ance%20solennelle%202010.pdf
Merci pour cette référence fort intéressante ! Le lien est ici (il s'agit d'un fichier pdf) : L'onirisme dans la peinture
SupprimerLa fresque entière est ici : Le Songe de Constantin
Merci, vraiment.
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