L'Autostrada rende malato il viaggio, malato d'impotenza, perché annulla, in tanto correre, il senso del movimento che può essere dato soltanto dal cambiamento. Ecco è notte : facciamo cento, poi altri cento, poi cento ancora chilometri, e siamo sempre nello stesso posto : rettilineo, segnalazioni, curva di uscita, spazio ristrettissimo per urinare, sgranchirsi, guardare il nulla, l'Autogrill fiammeggiante nel buio, luce di forgia, con le pompe, i cessi sintetici, il panino, la coca. Davanti a noi, e dietro, grandi rettili preistorici su ruote gonfi di oscuri veleni, che ogni tanto cadono sul fianco, si squarciano e sprigionano nuvole di peste. Nelle soste, vedi degli esseri muoversi come in guerra, in un documentario cinematografico muto. Il rombo continuo delle corsie sostituisce tutte le voci possibili, gli scambi. I camionisti non parlano, i bambini sono addestrati a questo gioco disciplinato, le donne sono uomini taciturni, gli uomini fumano e dicono «prendi qualcosa ?» o «bene, partiamo».
L'autostrada non è pericolosa perché ci siano i pericoli a tutti noti, è pericolosa perché eccessivamente sicura, perché rassicura. L'impressione pericolosissima di Natura interamente controllata dagli uomini, sottomessa docilmente alla loro volontà, profondo baratro, cattura anche me, stanotte.
Guido Ceronetti La pazienza dell'arrostito Ed. Adelphi, 1990
L'Autoroute rend le voyage malade, malade d'impuissance, parce que la vitesse à laquelle on roule anéantit le sens du mouvement, qui ne peut être perçu que par le changement. Voilà, c'est la nuit : nous faisons cent, puis cent autres, et encore cent kilomètres, et nous sommes toujours au même endroit : ligne droite, signaux, bretelle de sortie, un tout petit espace pour uriner, se dégourdir les jambes, regarder nulle part, l'Autogrill flamboyant dans le noir, une lueur de forge, et les pompes, les toilettes chimiques, le sandwich, la bouteille de Coca. Devant nous, et derrière, il y a de grands reptiles préhistoriques sur des roues gonflées de poisons obscurs, qui parfois s'affaissent, se déchirent en dégageant des nuées pestilentielles. À l'arrêt, on voit des gens se déplacer comme en temps de guerre ; on se croirait dans un film documentaire muet. Le vrombissement incessant de la circulation se substitue aux sons de toutes les voix, à tous les échanges. Les camionneurs ne parlent pas, les enfants sont entraînés à ce jeu discipliné, les femmes sont des hommes taciturnes, les hommes fument et disent «tu prends quelque chose ?» ou bien «allez, on y va !».
L'autoroute n'est pas dangereuse en raison des périls bien connus de tous, elle est dangereuse parce qu'elle est excessivement sûre, parce qu'elle est rassurante. L'impression très dangereuse d'une Nature entièrement contrôlée par les hommes, soumise docilement à leur volonté, abîme sans fond, me saisit moi aussi, cette nuit.
(Traduction personnelle)
(Traduction personnelle)
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