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lundi 3 décembre 2012

Il faudra donc quitter ce monde



"È ben altro. È lei, la venuta dal mare."





 Il faudra donc quitter ce monde
et sans se plaindre
les fleurs les livres les visages
Les nuages sont des continents
qui se déplient et se déploient
comme autant de drapeaux de pays inconnus
où nous n'irons jamais
Trop tard Il faudra s'en aller
tout seul en terre ou en cendres dans l'eau
Le jour passe vient la nuit
Ce n'est pas tant la vie
qui meurt que tous les souvenirs
qu'on emporte avec soi et que personne
ne partagera plus
S'en aller dans un royaume de mémoire
en bord de mer où tout sera
pareil au rythme d'un voyage
que nous ne ferons plus

Bernard Delvaille Derniers vers (in Œuvre poétique La Table Ronde, 2006)








Images : en haut, Been Around (Site Flickr)

en bas : Arnold Böcklin Die Toteninsel (1886) (Source)




5 commentaires:

  1. Ça vous rend triste, Emmanuel, l'idée qu'un jour il faudra quitter ce monde ? Nous sommes dans du précaire, du forcément inachevé. Mais l'effacement de la mort c'est un peu ce qui donne à notre vie ce rayonnement si précieux. Et puis comme les étoiles mortes nous continuerons à envoyer de petits scintillements à ceux qui se souviendront. La mort c'est un grand repos nécessaire après cette vie tumultueuse. Tout s'arrête et on peut enfin respirer calmement dans le rien. Redevenir un peu de ces atomes qui glissent sans fin dans l'immensité silencieuse de l'univers. Un voyage, paupières closes pour tout voir par le hublot de l'âme... Comme il est beau votre blog. Beau ce poème.Des mots qui font houppelande dans l'hiver qui rend frileux même les oiseaux.

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    1. Ce n'est pas de la tristesse, mais plutôt une sérénité mélancolique, comme celle qu'exprime ce poème de Bernard Delvaille. Et j'aime les cyprès de l'île San Michele, et ceux de l'île des morts du tableau de Böcklin...

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  2. Oui, j'aime aussi l'île aux morts. Quant aux cyprès, je les ai appris en Provence, drus sur terre rouge et des vignes au loin, et des collines bleues. Je n'en avais jamais vus au bord de l'eau. Gardent-ils les tombeaux ?

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    1. Oui, c'est sur cette île que se trouve le cimetière de Venise. On peut par exemple y voir les tombes de Stravinsky, Diaghilev, Ezra Pound...

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  3. Oh, émouvants ces morts qui dépassent la mort par l’œuvre vivante qu'ils nous ont laissée. Mais une tombe vaut une tombe... Dessous : irréversible de la mort. Dessus : des fleurs et les chagrins de ceux qui restent...
    "Le jour passe vient la nuit
    Ce n'est pas tant la vie
    qui meurt que tous les souvenirs..."

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