Le noir roc courroucé que la bise le roule
Ne s’arrêtera ni sous de pieuses mains
Tâtant sa ressemblance avec les maux humains
Comme pour en bénir quelque funeste moule.
Ici presque toujours si le ramier roucoule
Cet immatériel deuil opprime de maints
Nubiles plis l’astre mûri des lendemains
Dont un scintillement argentera la foule.
Qui cherche, parcourant le solitaire bond
Tantôt extérieur de notre vagabond –
Verlaine ? Il est caché parmi l’herbe, Verlaine
À ne surprendre que naïvement d’accord
La lèvre sans y boire ou tarir son haleine
Un peu profond ruisseau calomnié la mort.
Pas facile de trouver la note juste face à cette mort... Ce "tombeau" de Mallarmé est prodigieusement bien choisi. Un an après la mort de Verlaine, il revient et offre en ces mots, une vie surprenante. La pierre noire du tombeau est comme entrainée par le roulement de la bise, le roucoulement du pigeon, l'herbe tendre où se cache Verlaine et le ruisseau bondissant. Je ne comprends pas toujours la musique de ce géant ni l'écriture de cet autre géant. Mais les deux adossés l'un à l'autre soulèvent la mort et nous plongent dans un tourbillon stellaire. Parsifal... Bayreuth... dans la vignette où il a tant transporté les passionnés de musique, provoquant adoration et rejet.
RépondreSupprimerCeux-là qui partent emportent un peu de notre étonnement. Chocs émotionnels. Blanche écriture des neiges de l'hiver comme un linceul frissonnant, votre billet proche.
Un grand Maitre vient de nous quitter...
RépondreSupprimerMerci de vos commentaires ; je n'ai pas toujours la possibilité d'y répondre ces derniers temps, mais je les lis toujours avec attention et plaisir !
RépondreSupprimerJe précise que la partition polychrome que l'on peut voir ici est celle de la dernière partie ("Tombeau") de "Pli selon pli", une œuvre composée par Boulez dans les années soixante. Cette dernière partie est inspirée par le poème de Mallarmé que j'ai cité. On retrouve un seul passage du poème dans l’œuvre : le dernier vers repris par la soprano (de façon fragmentée) à la toute fin : "Un peu profond ruisseau calomnié la mort".