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mercredi 6 janvier 2016

Tombeau




Pierre Boulez  (26 mars 1925 - 5 janvier 2016)




Le noir roc courroucé que la bise le roule 
Ne s’arrêtera ni sous de pieuses mains 
Tâtant sa ressemblance avec les maux humains 
Comme pour en bénir quelque funeste moule. 

Ici presque toujours si le ramier roucoule 
Cet immatériel deuil opprime de maints 
Nubiles plis l’astre mûri des lendemains 
Dont un scintillement argentera la foule. 

Qui cherche, parcourant le solitaire bond 
Tantôt extérieur de notre vagabond – 
Verlaine ? Il est caché parmi l’herbe, Verlaine 

À ne surprendre que naïvement d’accord 
La lèvre sans y boire ou tarir son haleine 
Un peu profond ruisseau calomnié la mort. 

Stéphane Mallarmé  Poésies






(...)

3 commentaires:

  1. Pas facile de trouver la note juste face à cette mort... Ce "tombeau" de Mallarmé est prodigieusement bien choisi. Un an après la mort de Verlaine, il revient et offre en ces mots, une vie surprenante. La pierre noire du tombeau est comme entrainée par le roulement de la bise, le roucoulement du pigeon, l'herbe tendre où se cache Verlaine et le ruisseau bondissant. Je ne comprends pas toujours la musique de ce géant ni l'écriture de cet autre géant. Mais les deux adossés l'un à l'autre soulèvent la mort et nous plongent dans un tourbillon stellaire. Parsifal... Bayreuth... dans la vignette où il a tant transporté les passionnés de musique, provoquant adoration et rejet.
    Ceux-là qui partent emportent un peu de notre étonnement. Chocs émotionnels. Blanche écriture des neiges de l'hiver comme un linceul frissonnant, votre billet proche.

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  2. Merci de vos commentaires ; je n'ai pas toujours la possibilité d'y répondre ces derniers temps, mais je les lis toujours avec attention et plaisir !

    Je précise que la partition polychrome que l'on peut voir ici est celle de la dernière partie ("Tombeau") de "Pli selon pli", une œuvre composée par Boulez dans les années soixante. Cette dernière partie est inspirée par le poème de Mallarmé que j'ai cité. On retrouve un seul passage du poème dans l’œuvre : le dernier vers repris par la soprano (de façon fragmentée) à la toute fin : "Un peu profond ruisseau calomnié la mort".

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