Et je pense à Coré l'absente ; qui a pris
Dans ses mains le cœur noir étincelant des fleurs
Et qui tomba, buvant le noir, l'irrévélée,
Sur le pré de lumière - et d'ombre. Je comprends
Cette faute, la mort. Asphodèles, jasmins
Sont de notre pays. Des rives d'eau
Peu profonde et limpide et verte y font frémir
L'ombre du cœur du monde... Mais oui, prends.
La faute de la fleur coupée nous est remise,
Toute l'âme se voûte autour d'un dire simple,
La grisaille se perd dans le fruit mûr.
Le fer des mots de guerre se dissipe
Dans l'heureuse matière sans retour.
Yves Bonnefoy Pierre écrite Le dialogue d'Angoisse et de Désir Éditions Gallimard
E penso a Core l'assente ; che prese fra le mani
Il radioso nero cuore dei fiori
E cadde, bevendo il nero, irrivelata,
Sul prato di luce - e d'ombra. Capisco
Questa colpa, la morte. Asfodeli e gelsomini
Son della nostra terra. Rive d'acqua
Poco profonda e trasparente e verde fanno fremere
L'ombra del cuore del mondo... Ma sì, prendi.
La colpa del fiore reciso ci è condonata,
L'anima tutta s'inarca intorno a un dire semplice,
Il grigiore si perde nel frutto maturo.
Il ferro delle parole di guerra si consuma
Nella materia felice senza ritorno.
Traduzione : Diana Grange Fiori
Images : (1) et (2) Sebastià Giralt (Site Flickr)
Présence dans l'absence avec au cœur de la légende ce narcisse coupé qui ouvrit la terre des enfers et cette grenade goûtée qui fut partage entre le monde de la lumière et des blés et celui de l'ombre de la mort. L'angoisse qui est mort , le désir qui est vie et au milieu de cet entremêlement l'écriture comme un "dire simple" qui fait "la faute remise".
RépondreSupprimerEmmanuel, vos choix sont rares. Que de beauté...