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vendredi 8 février 2013

Lungarno, Luglio 1944 (Au bord de l'Arno, Juillet 1944)



"Questa notte è senza speranza. Si è fatto tardi, non potrò leggere, non dormirò. Tutto mi pesa nel cervello. La mia vita è fatta eternamente di episodi. Non raggiungerò mai l'unità." 




... LUGLIO [1944]. – Oggi sono andato in San Frediano e girovagando per le vie di quel quartiere, mi cresceva nell’anima il senso di quelle case, il carattere di quegli abitanti. Il cinematografo Orfeo era chiuso : dinanzi al portone alcuni bambini giocavano a carte. Ricordo che un giorno, assai lontano, il cinema si vuotò : si videro i ragazzi e le poche donne presenti correr fuori e per alcuni minuti la pellicola continuò a snodarsi sola. Tutti correvano verso la spalletta dell’Arno. Si era diffusa la voce che tre ragazzi del quartiere erano annegati e la notizia era certamente vera se nel fiume, malgrado l’imminenza della sera, si agitavano molte barche. Ogni estate qualche ragazzo scompariva nel fiume, ma non era mai accaduto che tre insieme fossero travolti dalla corrente. 

Il giorno dipoi, passando dal Lungarno, vidi alcuni ragazzi stesi nudi sulla pescaia arida e nessuno osava sfiorare l’acqua ; dopo molto tempo uno di essi, improvvisamente, si alzò e avvicinandosi al limite dell’acqua, mise in essa un piede agitandolo e gettando quindi verso la pietra qualche schizzo che il calore assorbiva subito. I compagni lo guardavano, distesi sotto il sole, con le braccia dietro la testa : lo guardavano senza muoversi, con gli occhi aggrottati per il sole, e lo sguardo, tra le palpebre aggrinzite, teso verso di lui : quando lo videro alla fine, porre anche l’altro piede nell’acqua e poi avanzarsi lento, con cautela, quindi d’impeto e all’improvviso gettarsi dentro a nuotare contro corrente, spenta ogni esitazione, spezzato ogni indugio dell’anima, si sollevarono tutti insieme e, muti, quasi fossero oppressi fin nella voce dalla felicità di ritrovare finalmente l’acqua, il sole, il cielo e se stessi come prima, si gettarono confusamente nel fiume, dietro l’altro che, volgendosi ai compagni con i capelli intrisi in piccoli ricci neri sul volto, rideva pieno di gioia. 

Ma ora come quel tempo è lontano ! Il fiume è desolato sotto l’ardore celeste ; il cannone tuona sempre più forte ed ognuno di noi sta ad attendere con ansia un fatto che ci vincerà forzando il nostro spirito ad accogliere in pieno il furore degli avvenimenti. I ragazzi stessi sembrano scomparsi dalla città che un tempo dominavano con la loro presenza e con i loro atti.

Piero Santi  Diario (1943-1946) Ed. Neri Pozza, Venezia, 1950  






... JUILLET [1944]. – Aujourd’hui je suis allé à San Frediano et en flânant dans les rues de ce quartier, je sentais s'imposer en moi la présence de ces maisons, le caractère de ces habitants. Le cinéma Orfeo était fermé : devant le portail, des enfants jouaient aux cartes. Je me rappelle qu’un jour, déjà lointain, le cinéma se vida : les garçons et les rares femmes présentes se précipitèrent à l’extérieur et pendant quelques minutes, le film continua à se dérouler sans spectateur. Ils couraient tous vers le parapet sur l’Arno. La rumeur disait que trois garçons du quartier s’étaient noyés, et la nouvelle était certainement exacte puisque, malgré la tombée du jour, plusieurs barques s’agitaient sur le fleuve. Chaque été, des jeunes gens disparaissaient dans le fleuve, mais il n’était jamais arrivé que trois d’entre eux soient tous ensemble emportés par le courant

Le jour d’après, en passant sur les bords de l’Arno, je vis quelques garçons allongés nus sur la rive aride et personne n’osait effleurer l’eau ; après un bon moment, l’un d’eux se leva brusquement et s’avança jusqu’au bord de l’eau ; il y trempa un pied en l’agitant et en projetant sur la pierre quelques éclaboussures, aussitôt absorbées par la chaleur. Ses camarades le regardaient, étendus au soleil, les bras derrière la tête : ils l’observaient sans bouger, les sourcils froncés à cause du soleil, et le regard, entre les paupières plissées, tendu vers lui. Quand ils le virent enfin poser l’autre pied dans l’eau et avancer lentement, avec prudence, puis tout à coup plonger et se mettre à nager contre le courant, ils n’hésitèrent plus ; sans aucun atermoiement, ils se levèrent tous ensemble et, en silence, comme si le bonheur de retrouver enfin l’eau, le soleil, le ciel et eux-mêmes comme ils avaient toujours été, les avait rendus muets, ils se jetèrent confusément dans le fleuve, à la suite de leur camarade qui, en se retournant vers eux, avec les boucles de ses cheveux trempés collées sur le visage, laissait éclater un rire joyeux. 

Mais maintenant, ce temps-là est bien loin ! Le fleuve est désolé sous le ciel ardent ; le canon ne cesse de tonner, toujours plus fort, et chacun de nous attend avec anxiété le fait décisif qui nous forcera à prendre pleinement conscience de la fureur des événements. Les garçons eux-mêmes semblent avoir quitté la ville qu’ils dominaient autrefois par leur présence et par leurs actions. 

(Traduction personnelle








Images : en haut, Site Flickr

au centre, Site Flickr 

en bas, Andrea Fiorino  (Site Flickr)

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