"Questa notte è senza speranza. Si è fatto tardi, non potrò leggere, non dormirò. Tutto mi pesa nel cervello. La mia vita è fatta eternamente di episodi. Non raggiungerò mai l'unità."
... LUGLIO [1944]. –
Oggi sono andato in San Frediano e girovagando per le vie di quel quartiere, mi
cresceva nell’anima il senso di quelle case, il carattere di quegli abitanti. Il
cinematografo Orfeo era chiuso : dinanzi al portone alcuni bambini giocavano a
carte. Ricordo che un giorno, assai lontano, il cinema si vuotò : si videro i
ragazzi e le poche donne presenti correr fuori e per alcuni minuti la pellicola
continuò a snodarsi sola. Tutti correvano verso la spalletta dell’Arno. Si era
diffusa la voce che tre ragazzi del quartiere erano annegati e la notizia era
certamente vera se nel fiume, malgrado l’imminenza della sera, si agitavano
molte barche. Ogni estate qualche ragazzo scompariva nel fiume, ma non era mai
accaduto che tre insieme fossero travolti dalla corrente.
Il giorno dipoi,
passando dal Lungarno, vidi alcuni ragazzi stesi nudi sulla pescaia arida e
nessuno osava sfiorare l’acqua ; dopo molto tempo uno di essi, improvvisamente,
si alzò e avvicinandosi al limite dell’acqua, mise in essa un piede agitandolo
e gettando quindi verso la pietra qualche schizzo che il calore assorbiva
subito. I compagni lo guardavano, distesi sotto il sole, con le braccia dietro
la testa : lo guardavano senza muoversi, con gli occhi aggrottati per il sole,
e lo sguardo, tra le palpebre aggrinzite, teso verso di lui : quando lo videro
alla fine, porre anche l’altro piede nell’acqua e poi avanzarsi lento, con
cautela, quindi d’impeto e all’improvviso gettarsi dentro a nuotare contro
corrente, spenta ogni esitazione, spezzato ogni indugio dell’anima, si
sollevarono tutti insieme e, muti, quasi fossero oppressi fin nella voce dalla
felicità di ritrovare finalmente l’acqua, il sole, il cielo e se stessi come
prima, si gettarono confusamente nel fiume, dietro l’altro che, volgendosi ai
compagni con i capelli intrisi in piccoli ricci neri sul volto, rideva pieno di
gioia.
Ma ora come quel tempo è lontano ! Il fiume è desolato sotto l’ardore
celeste ; il cannone tuona sempre più forte ed ognuno di noi sta ad attendere
con ansia un fatto che ci vincerà forzando il nostro spirito ad accogliere in
pieno il furore degli avvenimenti. I ragazzi stessi sembrano scomparsi dalla
città che un tempo dominavano con la loro presenza e con i loro atti.
Piero Santi Diario (1943-1946) Ed. Neri Pozza, Venezia, 1950
... JUILLET
[1944]. – Aujourd’hui je suis allé à San Frediano et en flânant dans les rues
de ce quartier, je sentais s'imposer en moi la présence de ces maisons, le
caractère de ces habitants. Le cinéma Orfeo était fermé : devant le
portail, des enfants jouaient aux cartes. Je me rappelle qu’un jour, déjà
lointain, le cinéma se vida : les garçons et les rares femmes présentes se
précipitèrent à l’extérieur et pendant quelques minutes, le film continua à se
dérouler sans spectateur. Ils couraient tous vers le parapet sur l’Arno. La rumeur
disait que trois garçons du quartier s’étaient noyés, et la nouvelle était
certainement exacte puisque, malgré la tombée du jour, plusieurs barques
s’agitaient sur le fleuve. Chaque été, des jeunes gens disparaissaient dans le fleuve, mais il n’était jamais arrivé que trois d’entre eux soient tous
ensemble emportés par le courant.
Le jour d’après, en passant sur les bords de
l’Arno, je vis quelques garçons allongés nus sur la rive aride et personne n’osait effleurer
l’eau ; après un bon moment, l’un d’eux se leva brusquement et s’avança
jusqu’au bord de l’eau ; il y trempa un pied en l’agitant et en projetant sur la
pierre quelques éclaboussures, aussitôt absorbées par la chaleur. Ses camarades
le regardaient, étendus au soleil, les bras derrière la tête : ils
l’observaient sans bouger, les sourcils froncés à cause du soleil, et le
regard, entre les paupières plissées, tendu vers lui. Quand ils le virent enfin
poser l’autre pied dans l’eau et avancer lentement, avec prudence, puis tout à coup plonger et se mettre à nager contre le courant, ils n’hésitèrent plus ;
sans aucun atermoiement, ils se levèrent tous ensemble et, en silence, comme si
le bonheur de retrouver enfin l’eau, le soleil, le ciel et eux-mêmes comme ils
avaient toujours été, les avait rendus muets, ils se jetèrent confusément dans
le fleuve, à la suite de leur camarade qui, en se retournant vers eux, avec les
boucles de ses cheveux trempés collées sur le visage, laissait éclater un rire
joyeux.
Mais maintenant, ce temps-là est bien loin ! Le fleuve est désolé
sous le ciel ardent ; le canon ne cesse de tonner, toujours plus fort, et
chacun de nous attend avec anxiété le fait décisif qui nous forcera à prendre
pleinement conscience de la fureur des événements. Les garçons eux-mêmes
semblent avoir quitté la ville qu’ils dominaient autrefois par leur présence et
par leurs actions.
(Traduction personnelle)
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