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samedi 2 février 2013

La Vita scritta (La Vie écrite)




5 settembre [1946] (sera). – Talvolta, vorrei appuntare qui ogni particolare minimo della giornata non per un desiderio di documento, ma piuttosto perché penso che se potessi scrivere tutto, come in un film senza «tagli», ne verrebbe fuori un senso pieno delle ore equilibrate fra atti coscienti ed atti che forse soltanto in seguito, nel ricordo, diventano tali. Ma questo non è dato fare ad alcuno. Potrei farlo soltanto per due o per cinque minuti. Per esempio, sono tornato a casa cinque – o dieci ?– minuti orsono : ho aperto la porta piano tastando la chiave nell’oscurità delle scale per avvertire da qual parte la dovevo infilare : ricordo poi che, appena aperta la porta, con la mano sinistra – non so perché – mentre ero quasi già entrato, ho sfiorato il campanello posto fuori, in alto. Ho chiuso la porta, non ho acceso alcuna luce : il corridoio era oscuro ma tagliato, sulla parte sinistra, da una striscia sottile di luce, riflessa da una finestra della casa di fronte e dovuta al fatto che la porta donde veniva la luce era socchiusa. Sono andato in camera mia, voltando prima a sinistra, poi a destra, poi ancora a sinistra, poi ancora a destra. Ho acceso la luce trovando subito l’interruttore. In quel momento, non so per quale motivo interno od esterno, mi è sorta dentro l’idea che sto qui esponendo. Sono andato subito nell’ufficio, ho aperto  la cassetta dove ripongo questo quaderno. La chiave si è un poco inceppata mentre stavo richiudendo il cassetto. Ho premuto il bottone del calamaio (ho qui davanti un calamaio antiquato di porcellana bianca, rotondo), ho preso la penna ed ho cominciato a scrivere. La parola «sera» dopo la data, l’ho aggiunta durante lo scritto e precisamente appena scritto la parola «socchiusa». 

Ma ho forse con questo detto tutto ? Sono certo di aver dimenticato numerosissimi piccoli atti. E i gesti delle mani ? Del resto ho tralasciato, per non interrompere la narrazione, due fatti che hanno deciso, almeno fino ad ora, del mio stato d’animo : e cioè due chiamate dalle altre stanze (credevo che tutti fossero a letto e invece non era così) che mi hanno costretto ad interrompere (dopo la parola «campanello») ed un colpo di tosse che mi ha prodotto un forte dolore alle spalle, a sinistra, che mi fa soffrire. Anche per questo cesso di scrivere. Speriamo che scompaia presto il dolore. (Alzandomi e respirando con cautela, la punta alle spalle è già attutita).

Piero Santi   Diario (1943-1946)  Ed. Neri Pozza Venezia, 1950






5 septembre [1946] (soir). – Parfois, je voudrais noter ici le moindre petit détail de la journée, non pas dans un but documentaire, mais plutôt parce que je pense que si je pouvais tout écrire, comme dans un film sans «coupures», il en surgirait une pleine signification des heures, partagées entre des actes conscients et d’autres qui, peut-être seulement par la suite, dans le souvenir, deviennent tels. Mais personne ne peut vraiment faire cela. Je ne pourrais y parvenir que pour rendre compte de deux ou de cinq minutes. Par exemple, il y a cinq minutes que je suis rentré chez moi – peut-être même dix : j’ai ouvert la porte doucement en tâtant la clé dans l’obscurité des escaliers pour repérer le bon côté qui devait entrer dans la serrure : je me souviens aussi que, la porte à peine ouverte, avec la main gauche – je ne sais pas pourquoi – alors que je venais à peine d’entrer, j’ai effleuré la sonnette placée à l’extérieur, en hauteur. J’ai fermé la porte, je n’ai allumé aucune lumière : le couloir était sombre mais traversé, sur le côté gauche, par une mince bande de lumière, reflétée par une fenêtre de la maison d’en face et due au fait que la porte d’où venait la lumière était entrouverte. Je suis allé dans ma chambre, tournant d’abord à gauche, puis à droite, puis encore à gauche et encore à droite. J’ai allumé la lumière en trouvant tout de suite l’interrupteur. À ce moment-là, j’ignore pour quelle raison intérieure ou extérieure, est née en moi l’idée que j’expose ici. Je suis allé tout de suite dans le bureau, j’ai ouvert le tiroir où je range ce carnet. La clé s’est un peu coincée pendant que je refermais le tiroir. J’ai soulevé le couvercle de l’encrier (j’ai ici, devant moi, un vieil encrier rond en porcelaine blanche), j’ai pris la plume et j’ai commencé à écrire. Le mot «soir» juste après la date, je l’ai ajouté pendant que j’étais en train d’écrire, et plus précisément après le mot «entrouverte». 

Mais ai-je ainsi tout dit ? Je suis certain d’avoir oublié de très nombreuses petites actions. Et les gestes des mains ? D’ailleurs, j’ai négligé, pour ne pas interrompre la narration, deux faits qui ont déterminé, au moins jusqu’à ce moment, mon état d’esprit : je veux parler de deux appels venus des autres pièces (je croyais que tout le monde était déjà couché, mais ce n’était pas le cas) qui m’ont contraint à m’interrompre (après le mot «sonnette») et un accès de toux qui m’a causé une forte douleur aux épaules, du côté gauche, qui me fait souffrir. C’est aussi pour cette raison que j’arrête d’écrire. Espérons que la douleur disparaisse vite. (En me levant et en respirant avec prudence, l’élancement du côté des épaules s’est déjà atténué). 

(Traduction personnelle)








Images : en haut et en bas, Renaud Camus  (Site Flickr)

au centre, Site Flickr

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