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dimanche 21 septembre 2014

Via Cigna




In questa città non c'è via più frusta.
È nebbia e notte ; le ombre sui marciapiedi
Che il chiaro dei fanali attraversa
Come se fossero intrise di nulla, grumi
Di nulla, sono pure i nostri simili.
Forse non esiste più il sole.
Forse sarà buio sempre : eppure
In altre notti ridevano le Pleiadi.
Forse è questa l'eternità che ci attende :
Non il grembo del Padre, ma frizione,
Freno, frizione, ingranare la prima.
Forse l'eternità sono i semafori.
Forse era meglio spendere la vita
in una sola notte, come il fuco.

2 febbraio 1973

Primo Levi  Ad ora incerta, Garzanti editore, 1984






Il ne saurait y avoir, dans cette ville, rue plus fruste.
La nuit et le brouillard : sur le trottoir, ces ombres,
Par la lueur des réverbères traversées,
Comme si elles étaient imprégnées de néant,
Des caillots de néant, sont pourtant nos semblables.
Peut-être, le soleil n'existe plus.
Peut-être fera-t-il noir à jamais : cependant,
En d'autres nuits, on voyait rire les Pléiades.
Peut-être est-ce là l'éternité qui nous attend :
Non pas au sein du Père, mais embrayer,
Freiner, débrayer, mettre en première.
Peut-être est-ce l'éternité que ces feux tricolores.
Peut-être eût-il mieux valu brûler sa vie
En une seule nuit, comme le faux bourdon.

2 février 1973

Traduction : Louis Bonalumi








Images : en haut, Allan Dransfield  (Site Flickr)

au centre, Site Flickr

en bas, Fabio Pirovano  (Site Flickr)




3 commentaires:

  1. Oh, Primo Levi allait vraiment mal pour teinter ce nocturne de tant de désespoir...

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    1. C'est en effet assez déprimant, mais la via Cigna (à Turin) est également une rue assez sinistre...

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    2. Ces lignes sont proches (pour moi) de celles de Tezer Özlü dans ce très beau roman (traduit de l'allemand par Diane Meur) : "La Vie hors du temps - Voyage sur les traces de Kafka, Svevo et Pavese". (éd. Bleu autour).
      Elle traverse Hambourg, un dimanche et écrit :
      "Seul vit le vent. (...) Les magasins sont fermés. (...) Il souffle un vent très froid. (...) En dehors de la zone piétonne, les rues sont vides. Comme les restaurants. Ne vit que le vent. C'est dimanche. (...)
      Je quitte l'hôtel. Mes pieds parcourent les rues. sans moi."

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