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samedi 15 décembre 2012

Le Campane di Firenze (Les Cloches de Florence)




Chi vuole conoscere l'anima di Firenze ascolti il suono delle sue campane. Non per niente Pier Capponi minacciò di suonarle. In ogni città le campane mandono un suono particolare. A Roma rintoccano eccelse e solenni per la cristianità intera, s'intonano all'altezza delle cupole e all'universalità della Chiesa, e la loro voce non scende al basso, si propaga e disperde nell'aria.

In quelle di Milano riconoscereste già il  "carillon" nordico, la squilla romantica, le umili campane dei borghi alpestri che suonano, così dolci di sera, specialmente pei poveri e per i mendicanti : per tutti coloro che sono in cammino. Col loro impeto orgiastico e furioso le campane del Mezzogiorno fanno pensare a danze selvagge e in Sardegna servono anche per ballare il duru-duru. Ma a Firenze sono ancora le vecchie campane italiane, faziose e comunali, turbolente, fieraiole e rimbombanti, che muovono il popolo come un sol uomo, lo sobillano ad uscire di casa con degli umori da guerra civile e quando proprio si fanno sentire pare sempre che stia per volare il pallone.

Fu così ch'io le riudii qualche anno fa, in una domenica mattina di maggio. Ero giunto a Firenze nella nottata. La mattina dopo mi desto in una bella camera d'albergo, che le campane della vicina chiesa di San Lorenzo suonavano per l'Elevazione. Di botto mi ricordai del campanone del mio paese. Era quella stessa voce, bassa, cupa, imperiosa che un tempo suonava l'ora di andare a scuola e a due ore di notte ci mandava cheti cheti a dormire ; voce materna, irresistibile, che pare non abbia mai tempo da perdere e per qualunque motivo si faccia sentire, ci chiami al lavoro o a festa, dice sempre : spicciatevi. Mi levai e apersi la finestra. Incontro a me si ergeva una gran cupola rivestita di mattoni rossi e risplendenti, sopra un monte di tetti e di tegoli del medesimo colore, cotto e arso. Laggiù, lontano, Monte Morello, affocato e velato da una nebbia rossastra che pareva fumo che uscisse da una fornace. Non si vedeva una fronda, nè spirava un alito di vento. Tutto ardeva in quel caldo mezzogiorno. A guardarla dall'alto Firenze, dava un senso di mattonaia in combustione e le campane stesse, col loro maschio e furibondo fragore, simili ad enormi campanacci, richiamavano l'idea del fuoco.

Vincenzo Cardarelli  Il sole a picco  Ed. Mondadori (I Meridiani)





Qui veut connaître l'âme de Florence doit écouter le son de ses cloches. Ce n'est pas pour rien que Piero Capponi menaça de les faire sonner. Dans chaque ville, les cloches ont une sonorité particulière. À Rome, elles  retentissent de façon sublime et solennelle pour toute la chrétienté, en parfait accord avec la hauteur des coupoles et l'universalité de l’Église, et leur voix ne s'abaisse jamais, elle se propage et se disperse dans l'air.

Celles de Milan ressemblent déjà au "carillon" nordique, la clochette romantique, les cloches humbles des villages de montagne, qui sonnent si doucement dans le soir, pour les pauvres et les mendiants : pour tous les vagabonds. Avec leur impétuosité orgiaque et fougueuse, les cloches du Sud évoquent des danses sauvages, et en Sardaigne, elles accompagnent les danseurs de duru-duru. Mais à Florence, ce sont encore les antiques cloches italiennes, factieuses et communales, turbulentes, festives et retentissantes ; elles soulèvent le peuple comme un seul homme, l'incitent à sortir de chez lui avec des humeurs de guerre civile, et quand elles se font entendre, c'est comme si l'on s'apprêtait à donner un coup d'envoi.

C'est ainsi qu'il y a quelques années, je les entendis à nouveau, un dimanche matin du mois de mai. J'étais arrivé à Florence dans la nuit. Le lendemain matin, je me réveille dans une belle chambre d'hôtel, tandis que les cloches de la toute proche église de San Lorenzo retentissaient au moment de l’Élévation. Aussitôt, je me souvins du bourdon de mon village. C'était le même son, grave, sombre, impérieux, qui autrefois annonçait le moment de partir pour l'école ou, à deux heures du matin, nous rappelait qu'il était temps d'aller au lit ; semblable à une voix maternelle, irrésistible, n'ayant jamais de temps à perdre, et qui, lorsqu'elle se faisait entendre pour nous appeler au travail ou à la fête, semblait toujours dire : dépêchez-vous ! Je me levai et ouvris la fenêtre. Devant moi se dressait une coupole recouverte de resplendissantes briques rouges, au dessus d'une multitude de toits et de tuiles de la même couleur, ardente et vive. Là-bas, dans le lointain, le Monte Morello, noyé dans une brume rougeâtre, comme la fumée s'élevant d'une fournaise. On n'apercevait pas la moindre feuille, il n'y avait pas un souffle de vent. Tout se consumait dans le soleil de midi. Vue d'en haut, on avait l'impression que Florence était une briqueterie en flammes et les cloches elles-mêmes, semblables à d'énormes sonnailles produisant un viril et furieux fracas, nous renvoyaient à l'idée du feu.

(Traduction personnelle)








 Images : en haut, Site Flickr

au centre, Nadia Fondelli  (Site Flickr)

en bas, Jim Carlucci  (Site Flickr)





3 commentaires:

  1. Délicate évocation de Vincenzo Carderelli...
    "...les cloches humbles des villages de montagne, qui sonnent si doucement dans le soir...".
    Ces mots et ceux qui suivent font de l'oubli, une mémoire douce et lumineuse. comme si un son portait en écharpe une langue oubliée, une enfance du cœur...
    Mon village... Florence...
    "J'ai tendu des cordes de clocher en clocher et je danse...."

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  2. Et puisque c'est Noël qui approche, revenir aux "Illuminations" de Rimbaud :
    "J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile et je danse."

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    1. Merci, Christiane, et pour les amis italiens qui visitent ce blog : "Ho teso corde da campanile a campanile ; ghirlande da finestra a finestra ; catene d'oro da stella a stella, e danzo."

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