Mardi 27 mars, dix heures du soir. Pierre et moi avons vu un peu par hasard La Belle Captive, dimanche soir – le seul film de fiction dans lequel j'aie jamais "tourné", si l'on peut dire ; on m'y voit à l'arrière-plan à peu près cinq secondes et je demande :
«Est-ce une habituée ?» (la scène est dans une maison de rendez-vous).
Encore Robbe-Grillet m'avait-il engagé pour la seule raison que je possédais une tenue de soirée, ce qui évitait à la production d'en acheter une pour un autre figurant. Je me souviens très confusément de la grande et très curieuse villa de Saint-Cloud ou de Saint-Germain-en-Laye qui servait de décor, comme d'ailleurs pour beaucoup d'autres films, m'avait-on expliqué – elle est en effet très cinégénique. Les Robbe-Grillet étaient très fiers d'avoir pour directeur de la photographie Henri Alekan, survivant de la grande époque de Carné et de Cocteau, et qui était alors un vieux monsieur très modeste et très doux, formant avec son assistant un vieux couple paisible (ou qui paraissait tel). J'entendais l'autre jour le quinzième quatuor de Schubert, en marchant le long de la rivière, et me souvenais, comme chaque fois, que c'était la musique choisie par Catherine Robbe-Grillet pour le film (une des musiques, car on entend aussi La Walkyrie, il me semble).
«Est-ce une habituée ?» (la scène est dans une maison de rendez-vous).
Encore Robbe-Grillet m'avait-il engagé pour la seule raison que je possédais une tenue de soirée, ce qui évitait à la production d'en acheter une pour un autre figurant. Je me souviens très confusément de la grande et très curieuse villa de Saint-Cloud ou de Saint-Germain-en-Laye qui servait de décor, comme d'ailleurs pour beaucoup d'autres films, m'avait-on expliqué – elle est en effet très cinégénique. Les Robbe-Grillet étaient très fiers d'avoir pour directeur de la photographie Henri Alekan, survivant de la grande époque de Carné et de Cocteau, et qui était alors un vieux monsieur très modeste et très doux, formant avec son assistant un vieux couple paisible (ou qui paraissait tel). J'entendais l'autre jour le quinzième quatuor de Schubert, en marchant le long de la rivière, et me souvenais, comme chaque fois, que c'était la musique choisie par Catherine Robbe-Grillet pour le film (une des musiques, car on entend aussi La Walkyrie, il me semble).
Renaud Camus Une chance pour le temps (pages 122-123), Fayard, 2010
En voilà un document (doublage de la voix inclus) ! Merci.
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