Fra tutte le statue di Firenze, la statua di Giovanni delle Bande Nere è quella che più si meriterebbe un par di ceffoni nel muso. Guàrdalo un pò, come se ne sta seduto comodo in San Lorenzo, con quel suo tronco di randello nel pugno. O piove, o tira vento, Giovanni è sempre là, col suo sorriso molle nel viso barbuto. E che barba da paino, tutta riccioletti corti, ben pettinata, ben lisciata, intorno a una bocca che par quella di una donna con la voglia del cocomero. Non si scomoda neanche se tu lo pungi nel sedere con uno spillo. « Ci sto bene, e ci sto » par che dica, « e pròvati a farmi alzare, se ti riesce. » E quel bastone in mano, che se ne fa ? O perché non l'adopra ? Già, perché non l'adopra ? Non si può dire che in questi ultimi tempi non gli siano mancati il modo e le occasioni.
Curzio Malaparte Maledetti toscani.
Parmi toutes les statues de Florence, la statue de Jean des bandes noires (1) est celle qui mériterait le plus une paire de gifles sur la gueule. Regardez donc un peu comme il se tient assis bien à l'aise à San Lorenzo, avec son morceau de trique au poing. Qu'il pleuve ou qu'il vente, Jean est toujours là, avec son sourire mou dans son visage barbu. Et quelle barbe de petit efféminé, toute en bouclettes courtes, bien peignée, bien lissée autour d'une bouche semblable à celle d'une femme qui aurait envie d'une pastèque. Il ne se dérange pas, même si vous le piquez dans le derrière avec une aiguille. « Je suis bien ici, j'y reste, semble-t-il dire ; essaie de me faire lever, si tu peux. » Et ce bâton qu'il tient en main, qu'en fait-il ? Pourquoi ne l'emploie-t-il pas ? On ne peut pas dire qu'en ces derniers temps la manière et l'occasion lui aient manqué.
(1) Condottiere, parent de Leon X, chargé par celui-ci de mettre à la raison quelques tyranneaux de la Marche d'Ancône. Il créa à cette occasion la cavalerie légère dite des Bandes noires, portant le deuil de Leon X (1498-1526).
Traduction : Georges Piroué. (Ces sacrés Toscans, éditions Denoël, 1957)
Curzio Malaparte Maledetti toscani.
Parmi toutes les statues de Florence, la statue de Jean des bandes noires (1) est celle qui mériterait le plus une paire de gifles sur la gueule. Regardez donc un peu comme il se tient assis bien à l'aise à San Lorenzo, avec son morceau de trique au poing. Qu'il pleuve ou qu'il vente, Jean est toujours là, avec son sourire mou dans son visage barbu. Et quelle barbe de petit efféminé, toute en bouclettes courtes, bien peignée, bien lissée autour d'une bouche semblable à celle d'une femme qui aurait envie d'une pastèque. Il ne se dérange pas, même si vous le piquez dans le derrière avec une aiguille. « Je suis bien ici, j'y reste, semble-t-il dire ; essaie de me faire lever, si tu peux. » Et ce bâton qu'il tient en main, qu'en fait-il ? Pourquoi ne l'emploie-t-il pas ? On ne peut pas dire qu'en ces derniers temps la manière et l'occasion lui aient manqué.
(1) Condottiere, parent de Leon X, chargé par celui-ci de mettre à la raison quelques tyranneaux de la Marche d'Ancône. Il créa à cette occasion la cavalerie légère dite des Bandes noires, portant le deuil de Leon X (1498-1526).
Traduction : Georges Piroué. (Ces sacrés Toscans, éditions Denoël, 1957)
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