La casa era sull'orlo della china di tetti verso il vallone. Salii la scaletta esterna, fui sul pianerottolo. Sapevo che mi sarebbe piaciuto non aver da entrare, non aver da cercare cibo e letto, essere piuttosto in treno, e mi fermai.
Il freddo era intenso, e in basso c'erano lumi, in alto pure, a piccoli gruppi sparsi di quattro o cinque ; e l'aria era azzurra. Nel cielo scintillava il ghiaccio di una grande stella abbandonata.
Era notte, sulla Sicilia e la calma terra : l'offeso mondo era coperto di oscurità, gli uomini avevano lumi accanto chiusi con loro nelle stanze, e i morti, tutti gli uccisi, si erano alzati a sedere nelle tombe, meditavano. Io pensai, e la grande notte fu in me notte su notte. Quei lumi in basso, in alto, e quel freddo nell'oscurità, quel ghiaccio di stella nel cielo, non erano una notte sola, erano infinite ; e io pensai alle notti di mio nonno, le notti di mio padre, e le notti di Noè, le notti dell'uomo, ignudo nel vino e inerme, umiliato, meno uomo d'un fanciullo o d'un morto.
Elio Vittorini Conversazione in Sicilia, ed. Rizzoli.
La maison était au bord de la pente de toits qui allait vers le vallon. Je montai le petit escalier extérieur, parvins au palier. Je savais qu'il m'eût plu de ne pas avoir à entrer, de ne pas avoir à chercher nourriture et lit, d'être plutôt dans le train, et je m'arrêtai.
Le froid était intense et, en bas, il y avait des lumières, en haut aussi, par petits groupes épars de quatre ou cinq ; et l'air était bleu. Dans le ciel scintillait la glace d'une grande étoile abandonnée.
Il faisait nuit, sur la Sicile et sur la calme terre : l'obscurité recouvrait le monde offensé, les hommes avaient des lumières près d'eux, des lumières enfermées avec eux dans leurs chambres, et les morts, tous les tués, s'étaient assis dans leurs tombes, et ils méditaient. Je pensai, et, en moi la grande nuit fut de la nuit sur de la nuit. Ces lumières en bas, en haut, et ce froid dans l'obscurité, cette glace d'étoile dans le ciel, n'étaient pas une seule nuit, c'étaient d'innombrables nuits ; et je pensai aux nuits de mon grand-père, aux nuits de mon père, et aux nuits de Noé, aux nuits de l'homme nu dans le vin et désarmé, humilié, moins homme qu'un enfant ou qu'un mort.
Le froid était intense et, en bas, il y avait des lumières, en haut aussi, par petits groupes épars de quatre ou cinq ; et l'air était bleu. Dans le ciel scintillait la glace d'une grande étoile abandonnée.
Il faisait nuit, sur la Sicile et sur la calme terre : l'obscurité recouvrait le monde offensé, les hommes avaient des lumières près d'eux, des lumières enfermées avec eux dans leurs chambres, et les morts, tous les tués, s'étaient assis dans leurs tombes, et ils méditaient. Je pensai, et, en moi la grande nuit fut de la nuit sur de la nuit. Ces lumières en bas, en haut, et ce froid dans l'obscurité, cette glace d'étoile dans le ciel, n'étaient pas une seule nuit, c'étaient d'innombrables nuits ; et je pensai aux nuits de mon grand-père, aux nuits de mon père, et aux nuits de Noé, aux nuits de l'homme nu dans le vin et désarmé, humilié, moins homme qu'un enfant ou qu'un mort.
Traduction : Michel Arnaud, ed. Gallimard.
Sicilia ! Straub-Huillet (L'arrotino).
Sicilia ! Straub-Huillet (La madre).
Image : L'Ancêtre, de Jean-Paul Marcheschi. Photo : Renaud Camus (Site Flickr)
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