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dimanche 13 août 2017

Terra brusgiata (Terre brûlée)






Cap Corse : Nonza, Pietracorbara, Sisco, depuis le 10 août 2017
(Crédits photos : Pascal Pochard-Casabianca / AFP)


Quantu n'aghju vistu soli
 Sprichjà daret'à i monti
In li tempi più landani
Cusì dolce quelle stonde.

Quantu n'aghju parturitu
Allegria è cuntintezza
Sfilavanu tandu l'ore
Senza cunnosce amarezza.

Quantu n'aghju datu latte
À tanti figlioli amati
Chì cù falgione è rustaghja
Allisciavanu li prati.

Quantu n'aghju intesu canti
Rifugi di tante sete
Virdura di castagneti
Aliveti è aranceti.

Oghje sò terra brusgiata
Negra di guai è tristezza
Ùn sò più la terra antica
Mamma di tante billezze.

Cagione di'ssu scumpientu
Sò l'omi ch'anu pinsatu
À ferì li mio rughjoni
Cù lu focu arrabiatu.

Viutendu pieve è paesi
Di li so bracci più forti
L'omi di male anu compiu
Cusì la tragica sorte.

Ma in mè la marturiata
Leva una sumenta nova
Chì assuva li mio solchi
Hè sumenta di rivolta...
Hè sumenta di rivolta...

Chanson du groupe A Filetta




Combien de fois ai-je vu le soleil
Apparaître derrière les montagnes
Dans les temps les plus éloignés
Ces instants étaient si doux.

Combien de fois ai-je procuré
La joie et le plaisir
Le temps passait alors
Sans aucune amertume.

Combien de fois ai-je nourri de mon lait
Les nombreux fils que j'aimais
Qui munis de faux et de serpes
Polissaient les champs.

Combien de chants ai-je entendus
Refuges de tant de soifs
Dans le feuillage des châtaigniers
Des oliviers et des orangers.

Aujourd'hui, je suis terre brûlée
Noire de malheur et de tristesse
Je ne suis plus la terre ancienne
Mère de tant de beautés.

Les coupables de ce désastre
Ce sont les hommes qui ont cherché
A mutiler mes paysages
Livrés au feu enragé.

En privant les cantons et les villages
De leurs forces les plus vives
Ces créatures du diable
Ont ainsi accompli leur noir dessein.

Mais mon martyr a fait lever
En moi une semence nouvelle
Qui fertilise mes sillons
C'est la graine de la révolte
C'est la graine de la révolte...

(Traduction personnelle)







Images d'avant le désastre : (1) Marie (Site Flickr)

(2) Chris Harris  (Site Flickr)

4 commentaires:

  1. La terre saigne et crie. C'est affreux.

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  2. Je regarde encore ces photos, cette vidéo ; j'écoute cette chanson poignante et j'ai mal. Je pense aussi aux pompiers, à leur combat contre ce feu dévorant, effrayant pour sauver ce qu'ils peuvent sauver, protéger les maisons et les gens, aux canadairs qui tentent de l'éteindre. Je pense à tous ceux qui vivent et aiment la Corse et à leur douleur. Et je suis triste et en colère.

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    1. Oui, c'est terrifiant : des milliers d'hectares brûlés, des vies mises en danger, une catastrophe humaine et écologique de très grande dimension. On ne sait rien encore précisément sur les responsables, mais il ne fait pas de doute que ces mises à feu sont volontaires, et vu l'ampleur des dégâts et l'intensité manifeste de la volonté de nuire, je ne crois pas que les explications habituelles (écobuages sauvages ou folie pyromane individuelle) soient encore pertinentes...

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    2. Alors, c'est encore plus terrifiant... Votre savoir est amer. Il faut des sentinelles au faîte des tours de silence, guetteurs surveillant ce labyrinthe de feu et de mort pour protéger et défendre la terre de la folie meurtrière des hommes.

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