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lundi 7 août 2017

Voyage à Larache




« Larache près de Tanger. Petit cimetière espagnol face à l'océan. 




Un salut à Genet. Je suis venue pour ça. Le gardien me tend le "livre d'or" (un livre de comptes cartonné noir). Avec moi, sa petite fille se penche sur les écritures, caresse les pages comme pour déchiffrer du braille. Émotion à lire les témoignages de gens connus et inconnus. Partout des morceaux de poèmes de "mon" chant. Ce chant reçu, issu de lui : "Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour", "mais viens Ô ma frégate...", "Ô viens ma nuit d'Espagne...", "Salut Jeannot du matin !", "J'ai oublié mon paquet de Gitanes sur la cheminée...





J'éprouve tout à coup comme de l'indiscrétion à lire ces lignes. Où est ma place ? Ma musique est là sans y être. Mon nom est là sans y être. Je perds la notion du temps, de l'espace. 




 En roulant vers Fès, je pense à Rimbaud, à Rilke, à Sénac, à Genet bien sûr et à quelques autres pour lesquels j'ai joué la fille de l'air. Je redécouvre à l'infini leurs "bateaux ivres", depuis qu'ils ont débarqué dans ma vie. Depuis qu'ils ont accosté au beau milieu de mes amours naissantes. »

Hélène Martin, Maroc, 2001 - France, 2005.









Images : en haut, 1 et 2 : Source

au centre, 3 et 4 : Site Flickr

en bas, 5 : Source

en bas, 6 : Site Flickr

1 commentaire:

  1. Hélène Martin, ça fait si longtemps... Quelle émotion !
    Quant à cette page, à ce blog... Les blogs sont pleins à craquer, on y fait entrer de force mille et un bavardages. Internet devient une volière. Le vôtre commence par le silence qui expulse ce qui n'est pas essentiel.
    Genet, tout seul, un peu perdu, face à l'océan, reposant sous cette belle pierre blanche à peine taillée, offerte au soleil. Il n'a jamais été autant présent et fragile, voyageur incertain du néant. Plus rien ne l'enserre. La terre le berce. Tout seul dans ce petit cimetière aux herbes roussies. Y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? L'inconnu connu marche sous le soleil comme l'étranger de Camus...
    C'est beau cette page après l'évocation du film de Nanni Moretti. (J'ai lu votre réponse et j’acquiesce)

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