Virgilio Giotti est avec Umberto Saba l'autre grand poète de Trieste, moins connu que ce dernier car il a écrit presque tous ses poèmes en dialecte triestin, ce qui a pu certainement rendre son œuvre moins accessible. Il serait toutefois dommage de passer à côté, car ses poèmes sont très beaux, à l'image de celui que je cite aujourd'hui, à la fois musical, mélancolique et mystérieux.
La neve
La neve, bianca e granda,
xe tuto ‘torno a l’ingiro,
in fondo, fin do’ che se vedi,
bianca e granda,
bianca e zita qua drento in t-el orto,
co’ solo piantando in mezo do stechi,
bianca e zita.
E el tu’ viso el xe bianco, color de la neve,
e i tui oci i xe pieni de tuto ‘sto bianco
grando ch’i spècia.
Bianche come la neve
Xe le tu’ man, frede come la neve
‘ste man, bianche e frede :
come la neve,
qua, sul rastel intrigado de spini,
qua, sui mureti un par parte,
qua sui scalini,
do’ che tasendo ‘spetemo
de saludarse.
Virgilio Giotti Piccolo canzoniere in dialetto [1909-1912]
La neige
La neige, blanche et grande,
est partout autour de nous,
jusqu'au fond, à perte de vue,
blanche et grande,
blanche et silencieuse ici dans le jardin,
avec seulement deux branches plantées au milieu,
blanche et silencieuse.
Et ton visage aussi est blanc, couleur de la neige,
et tes yeux sont remplis de tout ce blanc
immense qu'ils réfléchissent.
Blanches comme la neige
sont tes mains, froides comme la neige
ces mains, blanches et froides :
comme la neige,
là, sur le portail recouvert de ronces,
là, de part et d'autre des murets,
là sur les marches,
nous deux qui, en silence, attendons
de nous saluer.
(Traduction personnelle)
Images : Site Flickr
La neige... page blanche où inscrire un visage, un mot, une pensée. Froide morsure et doux manteau qui endort les bruits. Que c'est beau, ici...
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