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mardi 22 septembre 2015

Comme un départ (Come una partenza)




Chant d'automne


Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; 
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! 
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres 
Le bois retentissant sur le pavé des cours. 

Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, 
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, 
Et, comme le soleil dans son enfer polaire, 
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. 

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; 
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. 
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe 
Sous les coups du bélier infatigable et lourd. 

Il me semble, bercé par ce choc monotone, 
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. 
Pour qui ? — C'était hier l'été ; voici l'automne ! 
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. 

Charles Baudelaire  Les Fleurs du mal



 


Canto d'autunno

I

Ecco, affondiamo nelle fredde tenebre.
Addio, bagliori delle brevi estati.
Sento che cade con dei tonfi funebri
la legna dei cortili, sui selciati.

L'inverno tutto mi penetra : orrore,
odio, brividi, lavoro forzato.
Come il sole nel suo inferno polare
un blocco rosso è nel mio cuore, ghiacciato.

Fremendo ascolto il ciocco che ora piomba :
ha l'eco del martello sulla forca.
l'anima mia è torre che soccombe
colpita dall'ariete che la forza.

A sentire inesistenti i colpi ancora
par che s'inchiodi una bara d'urgenza.
Per chi ? Ieri era estate, è l'autunno ora.
C'è un suono oscuro, come di partenza.

Traduzione : Antonio Prete






Images : en haut, Umberto Battista  (Site Flickr)

au centre, Laura Mangione  (Site Flickr)


en bas, Ugo Baldassarre  (Site Flickr)



3 commentaires:

  1. Arthur Rubinstein est extraordinaire, jouant, écoutant, savourant l'adagio du Quintet de Schubert. Et comme cette musique est bien choisie pour accompagner ce poème mélancolique et ce frôlement de la mort. Oh, merci...

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  2. Et ce qu'il dit à la fin est très beau : "Ce quintette de Schubert, qu'il a écrit juste avant de mourir, c'est une œuvre que j'aime par dessus tout. C'est au point que j'ai demandé à ma femme de faire jouer ce morceau, même sur un disque, quand je mourrai, d'une façon digne, je veux dire : dans mon lit. C'est comme une porte ouverte vers le Ciel : Schubert a écrit la musique qui nous donne la paix, le sentiment du néant, la force d'entrer dans la mort, résigné et heureux..."

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