questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola,
un grido taciuto, un silenzio.
Così li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla
Per tutti la morte ha uno sguardo.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.
22 marzo 1950
La mort viendra et elle aura tes yeux —
cette mort qui nous accompagne
du matin jusqu'au soir, insomniaque,
sourde, comme un ancien remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une parole vaine,
un cri étouffé, un silence.
C'est ainsi que tu les vois tous les matins
dans le miroir, quand sur toi seule
tu te penches. Ô chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
Pour tous, la mort à un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme se libérer d'un vice,
comme voir dans le miroir
resurgir un visage mort,
comme écouter des lèvres closes.
« Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Tout est bien comme ça ? Ne faites pas trop de commérages »
Je n'ai jamais pu oublier ces mots : "La mort viendra et elle aura tes yeux "... Si forts; si beaux que j'en avais oublié le poème qui en nait, si poignant, laissé sur la table de chevet... Bouleversante, aussi, cette pensée manuscrite écrite sur la première page des "Dialogues avec Leuco" dans cette chambre maintenant vide et veillée par la petite lampe, là où dans la nuit du samedi au dimanche 27 août 1950 , il s'est donné la mort.
RépondreSupprimer"Pour tous, la mort à un regard." Oui...
Ici ce poème lu par V. Gassmann et chanté par Leo Ferré :
https://www.youtube.com/watch?v=jL60Md0R1G4