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vendredi 21 août 2015

Per un cane (Pour un chien)




Antonio De Curtis, plus connu sous le nom de Totò, n'a pas été seulement le plus grand acteur comique italien, il Principe della risata [le Prince du rire] ; il fut aussi un poète, souvent très touchant, comme dans ce poème en napolitain dédié à son chien Dick :

Tengo 'nu cane ch'è fenomenale,
se chiama "Dick", 'o voglio bene assaie. 
Si perdere l'avesse ? Nun sia maie ! 
Per me sarebbe un lutto nazionale. 

Ll 'aggio crisciuto comm'a 'nu guaglione, 
cu zucchero, biscotte e papparelle ; 
ll'aggio tirato su cu 'e mmullechelle 
e ll'aggio dato buona educazione.

Gnorsì, mo è gruosso. È quase giuvinotto. 
Capisce tutto... Lle manca 'a parola. 
È cane 'e razza, tene bbona scola, 
è lupo alsaziano, è polizziotto. 

Chello ca mo ve conto è molto bello. 
In casa ha stabilito 'a gerarchia. 
Vo' bene ' a mamma ch'è 'a signora mia, 
e a figliemo isso 'o tratta da fratello. 

'E me se penza ca lle songo 'o pate : 
si 'o guardo dinto a ll'uocchiemme capisce, 
appizza 'e rrecchie, corre, m'ubbidisce, 
e pe' fa' 'e pressa torna senza fiato. 

Ogn'anno, 'int'a ll'estate, va in amore, 
s'appecundrisce e mette 'o musso sotto. 
St'anno s'è 'nnammurato 'e na basotta 
ca nun ne vo' sapè : nun è in calore. 

Povero Dick, soffre 'e che manera ! 
Porta pur'isso mpietto stu dulore : 
è cane, si... ma tene pure 'o core 
e 'o sango dinto 'e vvene... vo 'a mugliera...




J'ai un chien vraiment phénoménal,
il s'appelle "Dick", je l'aime beaucoup.
Si je devais le perdre ? Dieu m'en garde !
Pour moi, ce serait un deuil national.

 Je l'ai élevé comme un fils,
avec du sucre, des biscuits et des bouillies ;
je lui ai donné des petits morceaux de pain
et il a reçu une bonne éducation.

Maintenant, il a grandi. C'est presque un jeune homme.
Il comprend tout... Il ne lui manque que la parole.
C'est un chien de race, il a été à bonne école,
c'est un berger alsacien, un chien policier.

Ce que je vous raconte maintenant est très beau.
À la maison, il a établi une hiérarchie.
Il aime comme une mère mon épouse,
et il considère mon fils comme un frère.

Quant à moi, il pense que je suis son père :
si je le regarde dans les yeux, il me comprend,
il dresse les oreilles, il court et m'obéit,
il est si empressé que le souffle lui manque.

Chaque année, en été, il tombe amoureux,
il devient mélancolique et marche tête basse.
Cette fois-ci, il s'est amouraché d'une petite chienne
complètement indifférente : elle n'est pas en chaleur.

Pauvre Dick, comme il souffre !
Cette douleur ne le quitte jamais :
c'est un chien, oui... mais il a un cœur
et du sang dans les veines... il veut une compagne...  

(Traduction personnelle)






« Totò est mort. Ses dernières paroles : "Je me sens mal... Emmenez-moi à Naples." » 

2 commentaires:

  1. Je suis heureuse que vous ne trouviez pas ridicule de mettre ce poème ici. Merci.

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    1. Merci Christiane, et je dirais même que ceux qui trouveraient ce poème ridicule n'ont vraiment rien à faire sur ce blog !

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