Translate

jeudi 23 octobre 2014

Via Broletto 34 (34, rue Broletto)




Via Broletto est une rue élégante de Milan, dans les parages du Dôme et de la Scala. C'est le décor que Sergio Endrigo a choisi pour mettre en scène un crime passionnel, dans une chanson étrange où la musique sautillante et détachée semble prendre ses distances avec le drame qui est évoqué dans les paroles. Et comme un dernier indice mystérieux, on fera remarquer que, si l'on passe par la courte via Broletto, on peut s'apercevoir que le numéro 34 n'y figure pas...

Sergio Endrigo chante Via Broletto 34, paroles et musique de Sergio Endrigo, 1962 :


Se passate da via Broletto
Al numero 34
Toglietevi il cappello e parlate sottovoce
Al primo piano dorme l'amore mio
È tanto bella la bimba mia
E giura sempre di amarmi tanto
Ma quando io la bacio
Lei ride e parla d'altro
O mangia noccioline

Troppe volte mi lascia solo
E torna quando le pare
E poi mi guarda appena, non dice dov'è andata
Tante volte penso di lasciarla
Io vorrei ma non posso andare
È la mia croce, la mia miseria
Ma è tutta la mia vita
Per me è tutto il mondo
È tutto quel che ho

Se passate da via Broletto
Al numero 34
Potete anche gridare, fare quello che vi pare
L'amore mio non si sveglierà
Ora dorme e sul suo bel viso
C'è l'ombra di un sorriso
Ma proprio sotto il cuore
C'è un forellino rosso
Rosso come un fiore

Sono stato io
Mi perdoni Iddio
Ma sono un gentiluomo
E a nessuno dirò il perché
A nessuno dirò il perchè






Si vous passez dans la rue Broletto
Au numéro 34
Ôtez votre chapeau et parlez à mi-voix
Au premier étage mon amour dort
Elle est si belle, ma toute petite
Et elle est toujours prête à jurer qu'elle n'aime que moi
Mais quand je l'embrasse
Elle rit et parle d'autre chose
Ou elle grignote des cacahuètes

Elle me laisse trop souvent seul
Et elle rentre quand cela lui chante
Elle me regarde à peine, elle ne dit pas d'où elle vient
Tant de fois j'ai pensé à la quitter
Je voudrais bien mais je ne peux pas
C'est mon calvaire, c'est ma misère
Mais elle est toute ma vie
Elle est le monde entier
Elle est tout ce que j'ai

Si vous passez rue Broletto
Au numéro 34
Vous pouvez même hurler, faire ce qu'il vous plaît
Mon amour ne se réveillera pas
Maintenant elle dort et sur son beau visage
Il y a l'ombre d'un sourire
Mais juste sous son cœur
Il y a un petit trou rouge
Rouge comme une fleur

Le coupable, c'est moi
Que Dieu me pardonne
Mais je suis un gentilhomme
Et à personne je ne dirai pourquoi
À personne je ne dirai pourquoi

(Traduction personnelle)






Images : en haut et en bas, Site Flickr

3 commentaires:

  1. Pourquoi cette chanson-poème me conduit vers Jacques Prévert ? Peut-être pour les deux premiers vers de cette autre chanson "Le rendez-vous" :
    "Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
    Contre les portes de la nuit..."
    Poésie émouvante, légère, émerveillée, libre, innocente, jaillissante. Ici, on tue comme on est fâché, comme on joue, enfant : - allez, lève-toi, maintenant. C'était pour de faux !
    La mort ? Ce jardinier d'une rose rouge.... ou cet oiseleur épris d'un colibri (l'oiseau des enfants amoureux).

    RépondreSupprimer
  2. La voici, sans les voix de Juliette Gréco et de d'Yves Montand, juste cette guitare et ces belles photos en noir et blanc
    https://www.youtube.com/watch?v=2rIazXgplTw

    RépondreSupprimer
  3. Troisième esquisse. Cette évocation de Sergio Endrigo - que vous qualifiez vous-même d'étrange- teinte de légèreté et de détachement un évènement tragique comme pour échapper à une peur, comme pour conjurer le mal. Un désir angoissé d'échapper à la mort.
    Qui aurait-il aimé être ? Celui qui a tué ou celui qui est mort ? Peut-être deux en un, un qui tue sa meilleur part. Je est toujours un autre. Un être oxymore... troué d'oubli, de silence. Une frontière poreuse entre le réalité et le rêve.Cela expliquerait sa marche dans la ville en apesanteur. Cette chanson pourrait être l'esquisse d'un suicide.

    RépondreSupprimer