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lundi 9 janvier 2017

Li soprani der Monno vecchio (Les souverains du Monde ancien)




Un sonnet de Giuseppe Gioachino Belli, écrit en "romanesco", le dialecte de Rome :
    
 C’era una vorta un Re cche ddar palazzo
mannò ffora a li popoli st’editto :
« Io sò io, e vvoi nun zete un cazzo,
sori vassalli bbuggiaroni, e zzitto.
             
     Io fo ddritto lo storto e storto er dritto :
pòzzo vénneve a ttutti a un tant’er mazzo :
Io, si vve fo impiccà nun ve strapazzo,
ché la vita e la robba Io ve l’affitto.
           
     Chi abbita a sto monno senza er titolo
o dde Papa, o dde Re, o dd’Imperatore,
quello nun pò avé mmai vosce in capitolo ».
           
     Co st’editto annò er Boja pe ccuriero,
interroganno tutti in zur tenore ;
e arisposeno tutti: « È vvero, è vvero ».

21 gennaio  1832




Il était une fois un Roi qui depuis son palais
adressa à son peuple cet édit :
« Moi, je suis moi, et vous, des moins que rien,
seigneurs, vilains, filous, tenez vous-le pour dit.

Moi, je peux redresser le tordu et tordre le droit :
je peux tous vous vendre au prix que j'ai fixé :
je peux même vous faire pendre sans causer aucun tort,
car je suis le bailleur de votre vie et de votre sort.

Qui loge dans ce monde sans le titre
de Pape, de Roi, ou d'Empereur,
celui-là n'aura jamais voix au chapitre ».

Le Bourreau fut chargé de répandre cet édit,
et de demander à tous ce qu'ils en pensaient ;
et d'une seule voix, tous répondirent : « C'est vrai, c'est vrai ! ­».

21 janvier 1832

(Traduction personnelle)




Le troisième vers de ce sonnet ("Io sò io, e vvoi nun zete un cazzo" / "Moi, je suis moi, et vous, des moins que rien") est devenu l'une des répliques les plus célèbres de la comédie italienne, depuis qu'Alberto Sordi l'a repris dans une scène mémorable du film de Mario Monicelli Il marchese del Grillo (1981), que l'on peut voir ci-dessous :





 Images : Ugo Pagliai dans Enrico IV, de Luigi Pirandello
 

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