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mercredi 5 mai 2010

Abusi (3)


Je cite ici quelques extraits du récit d'un voyage en Grèce fait par Aldo Busi en 2003. Il est intéressant de le lire à la lumière de la situation actuelle de ce pays ; on se rend compte que le mal vient en fait de très loin... On peut lire le texte complet dans l'ouvrage de Busi (il n'y a pas d'édition française, hélas !) Bisogna avere i coglioni per prenderlo nel culo (je renonce à traduire le titre, mais il n'est pas très difficile à comprendre, même pour ceux qui ne lisent pas l'italien).

E così, l’indomani, eccomi fuori dall’aeroporto di Salonicco a schivare una pozzanghera larga quattro metri proprio nell’avallamento della strettissima strada a senso unico dove fermano i taxi per caricare, inondarti le scarpe e gli orli dei pantaloni e i bagagli e ripartire – taxi: locomotori postbellici con marmitte rasoterra e parafanghi tipo camion, tradotte per caricare e scaricare e, appena ubbidisce la frizione, ripartire.

(…)

I blocchi di cemento armato con balconi e biancheria stesa della periferia non finiscono più, paesaggio brullo, qualche eucalipto con le fronde giù, mogie, di un’umidità polverosa, monti dai costoni superedificati, strade dall’asfalto a montagne russe, ogni tanto una strisciata di mare scalcinato fra condomini stretti l’uno addosso all’altro tutti uguali, inferriate arrugginite, intonaco sgretolato, insegne posticce dalle lettere al neon o in alluminio pencolanti, cartelloni di donne in biancheria intima sporcata da antiche intemperie naturali e di film di magia o di effetti speciali, carcasse di auto e elettrodomestici ovunque, adesso forse ci stiamo avvicinando al centro, ogni tanto c’è una curva o una deviazione e un’animazione stradale in più, dietro la curva un’altra chilometrica colata di cemento armato simile a quella che mi sono lasciato alle spalle che mi sembra di fare il giro dell’oca per il lungo, in cui il vero punto di ritorno alla partenza è il capolinea che si sono dimenticati di mettere.

Passata mezz’ora di corsa, sono sicuro di trovarmi su un nastro trasportatore inceppato con ai lati lo stesso spezzone di paesaggio che continua a scorrere per riavvolgersi e ricominciare daccapo dal primo blocco all’ultimo.

(…)

Nel mio girovagare da una chiesa ortodossa all’altra per cercare di vedere qualcosa, anche solo un’icona che mi possa far dire “Vista un’icona, viste tutte” e amen, mi imbatto in una palizzata via l’altra che ne impedisce l’accesso: ogni chiesa ospita tutt’intorno depositi, piccoli sgabuzzini, negozietti attivi o abbandonati, e dappertutto ci sono i segni di un restauro rimasto pia intenzione, i tetti ospitano caterve di tegole sovrapposte ormai coperte di muschio, i muri ponteggi ormai scheletriti e pericolanti, come se ogni tanto qualcuno, avendo bisogno di una sbarra di ferro o di un bullone, sia passato di là e se ne sia servito di volta in volta, senza alcuno spirito di rapina, anzi, con discreta ma costante moderazione. Lasciamo perdere, poi, il Museo archeologico, il Museo di arte contemporanea, alcune sparse rovine romane, o forse non è giornata per me neanche oggi, deve essere la giacca di plastica con cappuccio che impedisce la traspirazione, vivo in un’inondazione di pioggia che però ha riempito tutte le grosse buche nelle strade e sui marciapiedi sicché una volta tanto tutto sembra allo stesso livello, tutto è marrone uguale e liscio. Basterebbe mettere male un piede e rischierei di trovarmi annegato dall’altra parte, che ne so, a Bucarest.

(…)

La sera tutti i locali con terrazza e musica di piazza Aristotele e sul lungomare di Leforos Nikis sono gremiti all’inverosimile di giovani, qui a ogni ultraquarantenne dopo le nove deve essere stato ordinato il coprifuoco, sarà che Salonicco è città universitaria con una popolazione di ben sessantamila studenti ma, mi chiedo, dove vanno a rimediare i nove euro per un pezzo di torta e un cappuccino o i tre euro e cinquanta per un caffè al banco o i dieci euro per un liquore? Come mi sembra rischioso per le altre nazioni davvero civili tener dentro l’Italia nell’Unione europea, e più che mai l’Italia con l’attuale governo di imprenditori autarchici legati al recupero della cultura tribalcontadina dell’Ottocento e con prospettive di progresso sociale che al massimo ristabilisca lo jus primae noctis per il bene delle novelle spose, così mi sembra una pura crudeltà avere spinto a forza la Grecia nel consesso di potenze europee di livello mondiale: cosa possa c’entrare la Grecia o la Romania o la Bulgaria, o l’Italia di Forza Italia e della Lega Nord, con Francia e Germania e Spagna lo sanno solo Prodi e pochi altri prodi solo a modo loro. È tutto così deliziosamente indietro di vent’anni qui, che se arrivassero i Ricchi e Poveri in concerto verrebbero acclamati come una provocazione destabilizzante.

Aldo Busi, Bisogna avere i coglioni per prenderlo nel culo, Mondadori, 2006





Et ainsi, le lendemain, je me retrouve à l’extérieur de l’aéroport de Salonique, essayant d’esquiver une flaque large de quatre mètres, tout près de la route très étroite à sens unique où s’arrêtent les taxis pour charger leurs clients, inonder leurs chaussures, le bas de leurs pantalons et leurs bagages, puis repartir. Les taxis sont des engins datant de l’après-guerre, avec des pots d’échappement à ras de terre et des garde-boue comme ceux des camions, prévus pour charger et décharger et, dès que l’embrayage y consent, repartir.

(...)

Les blocs de béton armé avec balcons et linge étendu semblent ne jamais finir, le paysage est aride, juste quelques eucalyptus aux pauvres feuilles tombantes, d’une poussiéreuse humidité, des montagnes aux arêtes surchargées de constructions, des routes à l’asphalte en montagnes russes, de temps en temps une bande de mer miteuse entre des immeubles tous semblables, serrés l’un contre l’autre, grilles rouillées, crépi effrité, enseignes branlantes aux lettres de néon ou en aluminium, affiches de femmes en lingerie intime salie par d’anciennes intempéries naturelles et de films fantastiques à effets spéciaux, carcasses d’autos et d’appareils électroménagers éparpillées partout ; peut-être bien que maintenant on s’approche du centre, parfois, il y a un tournant ou une déviation et un peu plus d’animation sur la route, derrière le tournant encore une coulée d’un kilomètre de béton armé, semblable à celle que je viens de traverser, si bien que j’ai l’impression d’être dans un grand jeu de l’oie, où le retour au point de départ est le terminus que l’on a oublié d’indiquer.

Après une demi-heure de course, je suis sûr de me trouver sur un tapis roulant enrayé avec de chaque côté le même morceau de paysage qui continue à défiler pour se rembobiner et recommencer à l’identique.

(...)

Dans mes pérégrinations d’une église orthodoxe à l’autre pour essayer de voir quelque chose, ne serait-ce qu’une icône qui me permette de dire : «J’en ai vu une, c’est comme si je les avais toutes vues» et ainsi soit-il, je tombe à chaque fois sur une palissade qui en empêche l’accès : dans les parages de chaque église il y a des dépôts, des débarras, des petites boutiques ouvertes ou abandonnées, et on remarque partout les signes d’un travail de restauration resté pieuse intention, sur les toits se trouvent des amas de tuiles superposées que la mousse a recouvertes, les échafaudages ne sont plus que des squelettes croulants, comme si quelqu’un passant par là et ayant besoin d’une barre de fer ou d’un boulon s’était à chaque fois servi, sans aucun désir de rapine, mais plutôt avec une discrète et constante modération. Il vaut mieux ne rien dire du Musée archéologique, du Musée d’art contemporain, quelques ruines romaines éparpillées, mais peut-être que je ne suis vraiment pas dans un bon jour, c’est sans doute la faute de mon coupe-vent en plastique avec capuche qui bloque la transpiration, je me retrouve dans un océan de pluie qui a rempli toutes les ornières dans les rues et sur les trottoirs, si bien que tout semble au même niveau, tout est également lisse et marron. Il suffirait que je pose un pied de travers et je risquerais de me retrouver noyé de l’autre côté, à Bucarest peut-être.

(...)


Le soir, tous les établissements avec terrasse et musique de la place Aristote et sur la promenade de Leforos Nikis sont incroyablement bondés de jeunes gens, à croire que l’on a ordonné un couvre-feu à partir de neuf heures pour toute personne ayant dépassé les quarante ans. Certes, Salonique est une ville universitaire, avec une population de soixante mille étudiants, mais je me demande vraiment comment ils réussissent à se procurer les neuf euros que coûtent un cappuccino et une part de tarte, les trois euros cinquante pour un café au comptoir ou les dix euros pour un digestif. De la même manière qu’il me semble risqué pour les autres nations vraiment civilisées de maintenir l’Italie dans l’Union européenne, et à plus forte raison l’Italie avec son actuel gouvernement d’entrepreneurs autarciques attachés à la restauration de la culture paysanne tribale du dix-neuvième siècle, offrant des perspectives de progrès social qui, dans le meilleur des cas, permettent d’envisager le retour du droit de cuissage pour le bonheur des jeunes mariées ; il me semble également très cruel d’avoir forcé la Grèce à rejoindre le groupe des plus grandes puissances européennes : qu’est ce que la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie ou l’Italie de Forza Italia ou de la Ligue du Nord peuvent bien avoir en commun avec la France, l’Allemagne ou l’Espagne ? Seuls le savent Prodi et quelques rares autres, «preux» seulement à leur façon (1). Ici, tout est si délicieusement en retard de vingt ans que si les Ricchi e Poveri venaient y donner un concert, ils seraient chaleureusement accueillis comme une déstabilisante provocation.

(1) Il y a ici un jeu de mots, difficile à rendre en français, sur le nom de Romano Prodi et le terme "prodi" (les braves, les preux).

(Traduction personnelle)

On peut lire d'autres extraits de ce texte (uniquement en italien) sur le très bon site Altriabusi.

Images : en haut, Site Flickr ; en bas, Site Flickr

2 commentaires:

  1. Grazie mille pour tous ces extraits toujours très intéressants. Je trouve Busi un peu difficile à comprendre en italien mais le fait de le lire sur l'ordinateur et d'avoir vos belles traductions juste en dessous doit y contribuer. Merci aussi pour vos liens, quoique... devrais-je réellement vous remercier d'écouter en boucle depuis tout à l'heure sara perché ti amo... et de l'avouer ?
    Franck M. (FM des lecteurs de Renaud Camus)

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  2. Merci à vous, cher FM, je suis ravi de vous retrouver ici. Pour les Ricchi e Poveri, je vous comprends car cela me fait souvent le même effet ; enfin, nous ne sommes plus sur l'agora de la SLRC, on peut bien se laisser aller un petit peu...

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