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vendredi 20 février 2015

Cume la vusa la sirena (La sirène hurle)




Les Canzoni della mala [Chansons de la mauvaise vie] sont une série de chansons populaires racontant principalement les mésaventures de la pègre milanaise. Les plus connues ont été écrites par Giorgio Strehler, avec la collaboration de Dario Fo, de Gino Negri et de Fiorenzo Carpi pour les musiques. Elles sont écrites en dialecte milanais et inspirées de vieilles chansons traditionnelles. Elles racontent des histoires de malfrats aux prises avec la police, de prostituées, de prisonniers, mais aussi d'ouvriers, de mineurs dans les soufrières. La plus grande interprète de ces chansons fut Ornella Vanoni à la fin des années cinquante et au début des années soixante.


Ornella Vanoni canta Sentii cume la vusa la sirena [Écoutez, comme elle hurle, la sirène], testo di Dario Fo, musica di Fiorenzo Carpi, 1958 :

Sentii cume la vusa la sirena 
vardì cum'è che curen i pulé 
van tucc in curs Sempiun dopu l'Arena 
perché in curs Sempiun gh'è el me belé. 

El me belé se ciama Nin Barbisa 
l'è el pu se drito che gh'è sui bastiun 
l'è lu che l'ha fa föra el cap di ghisa 
l'è lu che svöja i merci a la stasiun. 

 Stanot l'è andà a durmì de la sua nona 
in via Tassio Primo al vintidu 
l'avevi truvà in cà cu n'a barbona 
e mi’ou sbatu föra tute e du. 

G'han fa una spiada in stamatina 
el sur l’è stai qual giuda rucheté 
l'è stai cume dagh fogh a la benzina 
la piasa l'era piena de pulé. 

Quand sun rivada mi l'era per tera 
me l'avevan butà là cumpagn d'un sac 
i öcc guardavan fis in la scighera 
me l'even cupà el me malnat. 

Ghe sunt andada renta al me barbisa 
gu dervì föra tuta la camisa 
gu netà el sang cun l'acqua e cunt un strasc 
gu sarà i öcc e metù in crusa i brasc. 

Sentii cume la vusa la sirena 
perché in curs Sempiun gh'è el me belé.




Écoutez comme elle hurle, la sirène,
regardez les flics qui courent :
ils vont tous Cours Sempione après l'Arène
Parce que c'est là que se trouve celui que j'aime.

Celui que j'aime s'appelle Nino Barbisa
Il n'y a pas plus réglo que lui sur les Remparts
c'est lui qui a buté le chef des condés
c'est lui qui dévalise les trains à la gare.

Cette nuit, il est allé dormir chez sa grand-mère
au vingt-deux de la rue Tassio Primo
je l'avais trouvé à la maison avec une donzelle
et je les avais fichus dehors tous les deux.

Quelqu'un l'a dénoncé ce matin
à tous les coups, ce traître de maquereau
c'est comme si on avait mis le feu à de l'essence
tous les flics ont débarqué sur la place.

Quand je suis arrivée, il était par terre
ils l'avaient jeté là comme un vieux sac
ses yeux regardaient fixement le brouillard
ils l'avaient tué, mon malfrat bien-aimé

Je me suis penché sur mon homme
je lui ai enlevé sa chemise
et j'ai lavé le sang avec de l'eau et un chiffon
je lui ai fermé les yeux et j'ai croisé ses bras.

Écoutez comme elle hurle, la sirène
parce que Cours Sempione, il y a celui que j'aime.

(Traduction personnelle) 



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Ma mi

La zolfara










Images : en bas, Site Flickr




3 commentaires:

  1. Quel langue que ce dialecte milanais, plus merveilleux à écouter/entendre qu' à être lu, à mon avis.
    Et votre photo me paraît emblématique de la ville de Milan avec ses rails de tramway.
    Magnifique évocation de cette ville dans laquelle mes parents me lâchèrent quelques mois lorsque j' avais douze ans, via Lodovico il Moro.
    Sublimes souvenirs moins dangereux que ceux que vous évoquez avec justesse tout de même!

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    Réponses
    1. Il est vrai qu'à la lecture, cela parait un peu bizarre ; je préfère aussi l'entendre, surtout dans la magnifique interprétation de la Vanoni : elle fait presque sonner cette langue comme du brésilien !

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  2. "Une chanson, c'est peu de chose
    Mais, quand elle se pose
    Au creux d'une oreille
    Elle reste là...
    Allez donc savoir pourquoi !"

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