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mardi 27 janvier 2015

Wstawac (Debout !)




Sognavamo nelle notti feroci
Sogni densi e violenti
Sognati con anima e corpo :
Tornare ; mangiare ; raccontare.
Finché suonava breve sommesso
Il comando dell'alba :
                   « Wstawać » ;
E si spezzava in petto il cuore.

Ora abbiamo ritrovato la casa,
Il nostro ventre è sazio,
Abbiamo finito di raccontare.
È tempo. Presto udremo ancora
Il comando straniero :
                     « Wstawać ».

                                                                           11 gennaio 1946

Primo Levi  Ad ora incerta  Garzanti Editore, 1984


Nous rêvions dans les nuits féroces
des rêves denses et violents
que nous rêvions corps et âme :
rentrer, manger, raconter
jusqu'à ce que résonnât, bref et bas,
l'ordre qui accompagnait l'aube :
                                  « Wstawać » ;
et notre cœur en nous se brisait.

Maintenant nous avons retrouvé notre foyer,
notre ventre est rassasié,
nous avons fini notre récit.
C'est l'heure. Bientôt nous entendrons de nouveau
l'ordre étranger :
                                  « Wstawać. »

 
                                                                            11 janvier 1946 

Traduction : Louis Bonalumi

(Wstawać signifie Debout ! en polonais.)






Lunedì

Che cosa è più triste di un treno ?
Che parte quando deve,
Che non ha che una voce,
Che non ha che una strada.
Niente è più triste di un treno.

O forse un cavallo da tiro.
È chiuso fra due stanghe,
Non può neppure guardarsi a lato.
La sua vita è camminare.

E un uomo ? Non è triste un uomo ?
Se vive a lungo in solitudine
Se crede che il tempo è concluso
Anche un uomo è una cosa triste.

                                                                          17 gennaio 1946

Primo Levi  Ad ora incerta  Garzanti editore, 1984


Lundi

Qu'y a-t-il de plus triste qu'un train ?
Qui part quand il le faut,
Qui n'a qu'une seule voix,
Qui n'a qu'un seul chemin.
Rien, vraiment, n'est plus triste qu'un train.

Ou peut-être un cheval de trait,
Coincé entre deux brancards,
Et qui ne peut même pas regarder de côté.
Sa vie se résume à marcher.

Et un homme ? N'est-ce pas triste un homme ?
S'il vieillit dans la solitude,
S'il croit que son temps est fini,
Un homme, c'est bien triste aussi.

                                                                            17 janvier 1946

Traduction : Louis Bonalumi









Images : de haut en bas, (1)  Rebecca Litchfield  (Site Flickr)

(2)  Neil Thomas  (Site Flickr)

(3)  Shoah, de Claude Lanzmann

(4)  Site Flickr



6 commentaires:

  1. Je savais que vous seriez présent. Ici. Aujourd'hui.

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  2. Terribile!
    C'erano migliaia
    erano venti per cento...

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  3. Merci encore pour nous faire partager ces beaux textes et illustrations.
    Un détail : un treno non ha che una strada, un train n'a qu'une seule voie... même s'il peut avoir plusieurs voix dont le sens dépend surtout de l'humeur de celui qui écoute.
    Avec mes meilleures salutations.
    Franck M

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  4. Ah et je m'aperçois qu'a sauté dans le texte italien : Che non ha una voce, en tous cas dans une version un peu différente au moins.
    Franck M.

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    1. Merci de votre bienveillante attention : en recopiant le texte italien, j'ai oublié le vers "Che non ha che una voce" : l'erreur est réparée.

      Je crois que c'est avec vous que nous avions discuté de Mario Rigoni Stern sur le forum des lecteurs de Renaud Camus. Je suis heureux de vous lire à nouveau !

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    2. Oui, c'est bien moi.
      Je viens souvent profiter des belles pages que vous nous présentez et essayer de lire un peu d'italien mais n'intervient que si je crois devoir le faire.
      Au passage je regrette la dérive monomaniaque de Renaud Camus qui nous prive de l'essentiel de sa belle prose.
      Merci encore.

      Franck M.

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