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vendredi 3 octobre 2014

Epitaphe




Nagrobek 

Tu leży staroświecka jak przecinek
autorka paru wierszy. Wieczny odpoczynek
raczyła dać jej ziemia, pomimo że trup
nie należał do żadnej z literackich grup.
Ale tez nic lepszego nie ma na mogile
oprócz tej rymowanki, łopianu i sowy.
Przechodniu, wyjmij z teczki mózg elektronowy
i nad losem Szymborskiej podumaj przez chwilę.

Wisława Szymborska  Sól, 1962






Epitaffio

Qui giace come virgola antiquata
l'autrice di qualche poesia. La terra l'ha degnata
dell'eterno riposo ; sebbene la defunta
dai gruppi letterari stesse ben distante.
E anche sulla tomba di meglio non c'è niente
di queste poche rime, d'un gufo e la bardana.
Estrai dalla borsa il tuo personal, passante,
e sulla sorte di Szymborska medita un istante.

Traduzione : Pietro Marchesani 






Epitaphe

Ci-gît comme une archaïque virgule
l'auteur de quelques poésies. La terre a daigné lui accorder
l'éternel repos ; bien que la défunte
se soit toujours tenue à l'écart des coteries littéraires.
Et même sur sa tombe il n'y a rien de mieux
que cette poignée de rimes, un hibou et de la bardane.
Sors de ton sac ton ordinateur portable, passant,
et sur le sort de Szymborska médite un instant.

(Traduction personnelle)



6 commentaires:

  1. Si cette page et cette musiques ont été choisies pour accompagner le chagrin d'un départ, qu'elles reçoivent douceur et respect.

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    1. Ce qui n'enlève rien à cette épitaphe qui joint l'humour à l'émotion. Il serait bon de lire, ici, quelques poèmes de cette poète remarquable.

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    2. Mais on peut déjà en lire plusieurs, chère Christiane, suivez par exemple ce lien : Szymborska !

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  2. Merci Emmanuel. Je n'avais pas fait le lien à cause de toutes les images de sa tombe et ce beau visage de vieille dame si fragile. Les poèmes c'était avant, avant cette tombe à la rose. Quand j'ai ouvert cette page, ces images m'ont glacée. Car là s'arrête la voix, la présence, le corps. Oui, il reste les livres. Mais la mort rend tout chemin, vain. Avalés et progressivement oubliés les gens meurent et s'effritent au fond des tombes.
    Nous les cherchons... D'abord la voix, puis le visage, puis les souvenirs qui s'étiolent.
    Non, je n'avais pas fait le lien. Peut-être à cause de ce nom très compliqué à mémoriser. Je me souvenais des poèmes, des annonces , pas du nom. Et brusquement cette page qui lie, relie tous nos morts, tous ces cimetières, ces roses que l'on dépose comme si...
    Et puis, il se passe autre chose d'étrange, comme ces textes, vous les choisissez, vous les creusez de liens, de musiques, alors, ça devient votre voix, votre note bleue, votre sensibilité. Et à vrai dire, c'est votre chemin que je suis, composant de page en page le portrait d'un homme (?) énigmatique dont nous n'avons que le prénom (Pseudo possible) et un nom de blog aussi étrange que ce nom.
    Parfois, j'achète un livre (s'il est traduit en français, ou je reviens sur une photo. Parfois vos textes poétiques me rappellent un être aimé et perdu, alors je vous oublie, vous et vos poètes ou artistes et je me laisse gagner par mes souvenirs...
    C'est très mystérieux et ambigu le geste qui nous fait revenir à un blog et peut-être y laisser une trace éphémère. C'est une passerelle qui unit deux pays avalés par le brouillard... une vibration, un moment de beauté, ici, un peu sacré.

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    1. J'aime beaucoup votre dernière phrase, qui exprime fort bien, et de façon très suggestive, ce que j'aime dans la communication sur la Toile ; en tout cas je ne saurais pas dire mieux !

      Il y a une chose qui m'intrigue dans cette "Epitaphe", et peut-être un lecteur qui connaîtrait le polonais pourrait nous éclairer : ma traduction est bien entendu faite à partir de la version italienne, où il est question à la fin de "personal", terme qu'emploient les Italiens pour désigner le PC ("personal computer") ; j'ai donc traduit "sors de ton sac ton ordinateur portable" ; or, ce poème date de 1962, et les ordinateurs portables n'existaient évidemment pas à cette époque. Je me demande donc de quoi voulait parler Szymborska dans le passage qui doit correspondre dans la version originale polonaise à "wyjmij z teczki mózg elektronowy". Si un lecteur pouvait nous fournir quelques informations sur ce point, cela m'intéresserait beaucoup !

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    2. Je ne sais , Emmanuel. Cette épitaphe m'évoque un petit livre très mystérieux de Robert Musil. Le titre français en est "Œuvres pré-posthumes". Paru en 1936 sous le titre "Nachlass zu lebzeiten" - ironie toute musilienne ! (œuvres posthumes publiées du vivant de l'auteur).
      Suite de petits textes brefs. Le plus émouvant est le dernier "Le merle" et dans ce texte, cette phrase qui pourrait être de même ordre que ce... "personal" de l'épitaphe (pré-posthume) de Szymborska :
      "Dans la proximité indéterminée de la mort, s'épanouit en vous une étrange liberté"
      et dans les dernières lignes du texte :
      "... quelque chose avait été absorbé, englouti par la terre, avait volé en éclats d'irréel silence."

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