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lundi 27 février 2012

Dopo (Après)




« Ma in tanta noia ed uggia dell'oscura provincia 
resta pure una cincia che informa : "È stato a Bruggia..." » 

M.M. Appunti per autoritratto





Io non so che avverrà di questa casa,
s'ella sarà venduta,
s'ella sarà abbattuta,
se diverrà perfino un'altra casa.

Altre porte e finestre, altra cimasa,
altre rondini ed altri davanzali,
altri riposi d'ali.
Altro capo, altre serve, altre famiglie
come altre cose a me care o discare.
Altri libri, altro cibo, altre stoviglie,
altri letti, altre bare.

Che cosa dunque rimarrà di mio
per caso, in queste stanze, o per dispetto ?
Chi sa, forse un panchetto,
un panchetto di quando ero bambino
o un'eco incomprensibile, un fruscio...

Altro mendico va di casa in casa,
di scalino in scalino,
ed altra madre chiama altro Marino
che in altra ora rincasa.

Marino Moretti  Congedo






Je ne sais pas ce qu'il adviendra de cette maison,
si elle sera vendue,
si elle sera abattue,
si  elle deviendra même une autre maison.

D'autres portes et d'autres fenêtres, une autre cimaise,
d'autres hirondelles et d'autres rebords
pour y reposer leurs ailes.
Un autre maître, d'autres servantes, d'autres familles
et d'autres choses pour moi chères ou désagréables.
D'autres livres, d'autres mets, une autre vaisselle,
d'autres lits, d'autres cercueils.

Que restera-t-il donc de ce qui fut à moi
dans ces pièces, par hasard ou par jeu ?
Qui sait, peut-être un petit banc,
un petit banc du temps où j'étais enfant
ou un écho incompréhensible, un bruissement... 

Un autre mendiant va de maison en maison,
de marche en marche,
et une autre mère appelle un autre Marino
qui rentre à la maison à une autre heure.

Marino Moretti  Adieu (Traduction personnelle)








Images : en haut, Site Flickr

au centre et en bas, Massimiliano Calamelli  (Site Flickr)

6 commentaires:

  1. Pardonnez-moi de vous déranger — j’aurais (j’aurai) bien des questions à vous poser sur Marino Moretti. Hélas je n’en suis pas là, et me demande pour l’instant si vous auriez la bonté de m'éclairer sur ce beau passage de Longhi, relatif à Cima da Congliano (j'en vois très bien la beauté, mais pas tout à fait le sens exact) :

    « Non che sia facile chiarire come dalla integrità formale di Antonello, che sa di Grecia arcaica, potesse uscire dal Cima una cosi cordiale poetica che sa di classico rus virgiliano, di georgica antiqua ; ma è sempre, in lui, une certo lucido nitore, un’alta pace rurale, un meriggio fermo e concorde con questa sua umanità, rusticamente spiccata come in tronchi politi, non già rusticamente espressa. »

    J'ai surtout du mal avec les deux “che sa” et avec les deux derniers membres de phrase...

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    1. Hum, ce n'est pas facile, voici comment je comprends le passage : "Non pas qu'il soit facile d'expliquer clairement comment de l'intégrité formelle d'Antonello, avec son goût de Grèce archaïque, puisse jaillir chez Cima une si cordiale poésie imprégnée de classique rusticité virgilienne, géorgique ; mais il y a toujours, chez lui, une certaine clarté brillante, une haute paix rurale, un midi immuable et en accord avec son humanité, rustiquement évidente comme elle pourrait l'être dans des troncs lisses, sans être bien sûr rustiquement exprimée."

      "che sa" : littéralement "qui a le goût de " ; ici on peut comprendre que l'intégrité formelle d'Antonello est directement issue de la Grèce archaïque, alors que que la poétique de Cima est nourrie de rusticité virgilienne...

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  2. J'aime ce poème. Il parle à tous ceux qui ont perdu un lieu d'enfance. Migrations... Ce petit banc d'enfant est bouleversant...
    Laisse-t-on une emprunte dans les lieux où nous avons vécu ? Peut-être... baguette de sourcier ? la mémoire, une tendresse intemporelle...
    La première photo est magique.

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    1. Oui, j'aime aussi beaucoup ce poème ! La première photo montre justement la maison du poète, qui aujourd'hui se visite, comme un petit musée...

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  3. Ah oui, je comprends parfaitement grâce à vous. Ce maudit “che sa” me donnait beaucoup de fil à retordre. Et j’étais au bord de l’archi faux sens pour la fin, dont je croyais qu’elle signifiait, absurdement, « jamais rustiquement exprimée avant lui ». Mille grands mercis. Et toutes mes excuses aux mânes crépusculaires de Moretti — mais je reviendrai vers elles.

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    1. Ici "già" sert à renforcer la négation : la rusticité s'impose dans l’œuvre de Cima, mais bien sûr l'expression du peintre n'a rien de rustique ("non già rusticamente espressa").

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