Translate

mercredi 15 février 2012

Venzolasca





Une étoile est ce soir si large sur la mer,
Quand un bleu traîne pâle encor sur la montagne,
Que son reflet trace un long chemin de lumière
Depuis l'horizon invisible jusqu'au sable.

Nous vivrons encor quand la même mer,
Traverseuse des nuits qui sont nos traverseuses,
Brasillera de tous ses miroirs de soleil
Sur son exact croissant d'azur torride

Et quand paraîtront les grandes baigneuses
Pour toucher du pied le rire innombrable.

Chemin d'or où sait venir l'astre par la mer,
Quand dorment les grandes baigneuses, jusqu'au sable.

Marcel Thiry Songes et Spélonques, 1973








Images : en haut,  Site Flickr

en bas, Vincentello (Site Flickr)

1 commentaire:

  1. Ces baigneuses de Cézanne, si surprenantes. Corps proches de ses études de Baigneurs. Les corps s'y confondent comme dans un mythe androgyne. Il refusait de faire poser des modèles féminins. Tout venait comme s'il était habité de formes humaines indécises. Peut-être avait-il du mal à distinguer les deux sexes dans un ravissement de plénitude. Ces nus ne sont pas toujours identifiables mais très sensuels. Beaucoup de repos, de passivité dans ces corps, peu de mouvement qui vient du groupe, de ce qui se joue dans les lignes et les masses colorées de l'un à l'autre des corps. Il y a une joie primitive dans ces baigneuses, un ravissement. Les faire surgir de ce poème - sur un nom : "baigneuses", est très fort d'autant plus que le reste du poème est très évanescent avec ces lignes de fuite de l'étoile à la mer et du ciel au marcheur de mots qui tangue entre présence et absence... Très belle impression des deux entrelacés.

    RépondreSupprimer