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jeudi 3 mars 2016

Abusi



Ci sono centinaia di telefonini, migliaia di suonerie, e niente da dirsi. (Aldo Busi) 

(Il y a des centaines de sortes de téléphones portables, des milliers de sonneries, et rien à se dire.) 





Cosa resta di tutto il dolore che abbiamo creduto di soffrire da giovani ? Niente, neppure una reminiscenza. Il peggio, una volta sperimentato, si riduce col tempo a un risolino di stupore, stupore di essercela presa per così poco, e anch'io ho creduto fatale quanto poi si è rivelato letale solo per la noia che mi viene a pensarci. A pezzi o interi non si continua a vivere ugualmente scissi ? E le angosce di un tempo ci appaiono come mondi talmente lontani da noi, oggi, che ci sembra inverosimile aver potuto abitarli in passato. 

Aldo Busi   Seminario sulla gioventù, ed. Adelphi 

Que reste-t-il de toutes les souffrances que nous avons cru endurer dans notre jeunesse ? Rien, pas même une réminiscence. Le pire, une fois expérimenté, se réduit avec le temps à un petit rire de stupeur. Stupeur d'avoir attaché tant d'importance à si peu de chose. J'ai, moi aussi, cru fatal ce qui par la suite ne s'est révélé mortel qu'à cause de l'ennui qui me vient en y pensant. Brisés ou entiers, ne continuons-nous pas à vivre malgré tout divisés ? Et les angoisses d'autrefois nous apparaissent comme des mondes tellement éloignés de nous, aujourd'hui, qu'il nous paraît invraisemblable d'avoir pu les habiter par le passé. 

Aldo Busi  Séminaire sur le jeunesse, ed. Presses de la Renaissance, 1988 (Traduction : Monique Aymard)





Quand'è che si è vecchi ? Quando non ci si piace più e il pensiero di piacere a qualcuno, tu che non ti piaci più, ti riempie di sgomento, e di orrore, per te e l'improvvida creatura, segnata dai fulminanti traumi della sua indecifrabile crescita sentimentale, alla quale potresti far gola perfino tu, perché, suvvia, se non fosse un magma di poco di buono non si accontenterebbe perfino di te e in modo così chiaro e disteso, con tanta semplice semplicità; si è diventati vecchi quando ti svegli nel cuore della notte, una notte senza cuore e né capo né coda, diciamo alle tre e dieci del mattino, accendi la prima sigaretta e cominci a riempire l'annaffiatoio al lento rivolo del rubinetto del bagno di sotto, dove la pressione stamattina non potrebbe essere più bassa e più snervante l'attesa del pieno a filo del tettuccio, e vai avanti e indietro dieci volte dai vasi di geranio del balcone e dalle aiuole col gelsomino rampicante e la rosa e il cespuglio di trifoglio rosa incastonate nelle scale dell'entrata e i due pungitopo nelle giare calabre, e quando dopo un'ora di zelo riparatore guardi soddisfatto il tuo operato e fai per rientrare, senti un rumore strano alle tue spalle, come di denti del giudizio o monetine scroscianti su un tamburo, ti giri a bocca beante e in quell'istante è cominciato a piovere. 

Aldo Busi  Seminario sulla vecchiaia (romanzo interroto e interrato) ed. Adelphi 

Quand est-on vieux ? Quand on ne se plaît plus et que la pensée de plaire à quelqu’un, alors même qu’on ne se plaît plus, nous remplit d’effroi et nous fait horreur, pour nous-même et pour la créature étourdie, marquée par les foudroyants traumatismes de son éducation sentimentale tourmentée, à laquelle incroyablement on pourrait plaire ; parce que, tout de même, s’il n’était pas un individu peu recommandable, il ne se contenterait pas de quelqu’un dans notre genre, et de façon aussi nette et détendue, d’une si évidente simplicité ; on est devenu vieux quand on se réveille au cœur de la nuit, une nuit sans cœur, ni queue ni tête, vers les trois heures dix du matin, on allume la première cigarette et on commence à remplir l’arrosoir au mince filet d’eau qui sort du robinet des toilettes du dessous, où la pression ce matin-là ne pourrait pas être plus réduite et plus crispante l’attente du moment où on aura enfin rempli à ras bord le récipient, et on fait une dizaine d’allers-retours entre les vases de géraniums du balcon, les plates-bandes de jasmin grimpant, les roses et le massif de trèfle placés dans les escaliers de l’entrée, les deux plants de houx dans les grandes jarres, et quand après une heure de zèle réparateur on contemple avec satisfaction le résultat de tous ces efforts et que l’on s’apprête à rentrer, on entend derrière soi un bruit étrange, comme des dents de sagesse ou des pièces de monnaie qui rebondissent sur un tambour, alors on se retourne bouche bée et on s’aperçoit qu’en cet instant précis il a commencé à pleuvoir. 

Aldo Busi  Séminaire sur la vieillesse (roman interrompu et enterré) (Traduction personnelle)






1 commentaire:

  1. J'ai recherché sur internet des vidéos plus récentes. L'homme de ce temps, bien qu'amer, ironique, se bat. Il est vif, polémique, courageux.
    Ces textes sont hors de cette actualité, dans un monde incertain. Des moments de réflexion sur nos variations, nos oublis, nos déchirures anciennes que le temps émousse. Une prose qui me touche profondément car elle est discrète et lucide. Malgré l'amertume qui affleure, elle chante à l'oreille, coule, mélodieuse. Quelle attention portée aux choses de la vie, aux ombres discrètes qui nimbent ces petits riens...

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