Tutto quello che passa in una via
Passa con la sua fascinetta sotto il braccio
il povero spazzacamino tutto nero
che getta il suo grido acuto e triste
pieno di nostalgia, che fa pensare
a un Natale tra i monti
e a tante cose bianche e malinconiche ;
passa il filosofo cenciaiuolo
che si ferma a frugare col bastone
nell'immondizie accumulate
ai canti delle case ;
passa l'imbacuccata cerinaia,
poverina! che ha tanto freddo e porta
tanto fuoco con sé
da incendiare tutta la città ;
passano i mendicanti campagnoli
che si ferman di porta in porta
a chiedere la carità ;
passan le grigie squadre d'Orsoline
che vanno a passeggiare sulle mura
nel pomeriggio di domenica
ed i neri seminaristi
che si spargon tra gli alberi forensi
come corvi a pasturarsi,
reclute del paradiso ;
passan le coppie degli amanti preoccupati,
passan le coppie pallide degli sposi,
passano i vecchi stanchi,
passani i poveri morti
che vanno all'ultima dimora ;
passano i girovaghi
con la lor musica a tracolla
che non è buona che di piangere
o gli organi di Barberia
che ridon e piangono per pochi soldi
come i pagliacci ;
passano i curvi pellegrini stranieri
che domandano il cammino di Roma.
Corrado Govoni Armonia in grigio e in silenzio, 1903
Tout ce qui passe par une rue
Passe avec son petit fagot sous le bras
le pauvre ramoneur tout noir
qui lance son cri aigu et triste
plein de nostalgie, qui fait penser
à un Noël dans la montagne
et à tant de choses blanches et mélancoliques ;
passe le philosophe chiffonnier
qui s'arrête pour fouiller de son bâton
les ordures amoncelées
aux coins des maisons ;
passe la marchande d'allumettes emmitouflée,
la pauvre ! elle a si froid alors qu'elle porte
assez de feu sur elle
pour incendier la ville entière ;
passent les mendiants campagnards
qui s'arrêtent de porte en porte
pour demander la charité ;
passent les grises files d'Ursulines
qui vont se promener sur les remparts
le dimanche après-midi
et les noirs séminaristes
qui s'éparpillent dans les arbres majestueux
comme des corbeaux cherchant leur pitance,
dans l'attente du paradis ;
passent les couples d'amants préoccupés,
passent les couples pâles des époux,
passent les vieux fatigués,
passent les pauvres morts
qui rejoignent leur dernière demeure ;
passent les vagabonds
avec leur musique en bandoulière
qui n'est bonne qu'à pleurer
ou les orgues de Barbarie
qui rient et pleurent pour quelques sous
comme les clowns ;
passent, le dos courbé, les pèlerins étrangers
qui demandent le chemin de Rome.
(Traduction personnelle)
Images : en haut et au milieu : Paolo Squarzoni (Site Flickr)
C'est un peu Andersen tout cela, non ?
RépondreSupprimerLes rues, aujourd'hui, en juin ? En villes : vitrines, commerces, restaurants, bars... et travaux ! A la campagne : ombres douces, fontaines, chats endormis, chapeaux de paille et épaules nues.
Dans quelles rues vous promenez-vous, en cette saison, Emmanuel ?
Cette vignette est extraordinaire. Tous ces mots qui marchent dans nos têtes !
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