"Un giorno, prenderemo dei treni che partono."
L'une des "237 vies presque parfaites" que raconte Eugenio Baroncelli dans son ouvrage Falene (Phalènes), récemment paru aux éditions palermitaines Sellerio :
L'uomo più dimenticato del monde
Niente nome.
Quello se lo tolse con gioia, la stessa con cui a noi lo mettono i nostri
genitori. Niente musica, tranne quella canzone di Serge Reggiani con cui faceva
volentieri sera. Niente vocazioni. Era portato per la poesia, ma non scrisse un
solo verso. Niente è più poetico che farsi dimenticare. Niente indirizzo. Stava
in un vecchio autobus abbandonato, dove non è necessario essere ancora
qualcuno. Se ne andò in fretta e furia. Stava per dire che se ne andava
all’improvviso senza avvisare nessuno, ma invece di dirlo aprì bocca in un
sorriso. Chi avrebbe dovuto avvisare ?
L'homme le plus oublié du monde
Pas de nom. Il s’en débarrassa
avec joie, la même joie qu’éprouvent nos parents à nous en donner un. Pas de
musique, à part cette chanson de Serge Reggiani qu’il aimait bien écouter, le
soir venu. Pas de vocation. Il était doué pour la poésie, mais il n’a jamais écrit un seul vers.
Rien n’est plus poétique que de se faire oublier. Pas d’adresse. Il vivait dans
un vieil autobus abandonné, là où il n’est pas nécessaire d’être encore
quelqu’un. Il s’en alla à toute vitesse. Il était sur le point de dire qu’il
partait à l’improviste sans prévenir personne, mais au lieu de cela, il se
contenta d’esquisser un sourire. Qui aurait-il dû prévenir ?
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Site Flickr
en bas, Mauro Franzolin (Site Flickr)
Très beau texte dont la fin rappelle presque mot pour mot la magnifique conclusion de cette nouvelle de Pirandello qui s'appelle "Rien".
RépondreSupprimerCes 237 vies sont-elles écrites sous la forme de nouvelles aussi ou simplement de courtes poésie?
Je n'y avais pas pensé, mais cette nouvelle de Pirandello est en effet très proche de ce qui se dit ici, en effet !
SupprimerLes "mini-biographies" qui composent l'ouvrage de Baroncelli sont de longueur variable ; celle que je cite est l'une des plus brèves, mais certaines sont plus développées (jamais plus de deux pages toutefois). Il y a des gens célèbres, mais aussi des inconnus ou des anonymes, comme dans l'exemple que je cite.
Je crois bien que «Niente vocazioni» a été oublié dans la traduction. Et dans la phrase suivante je découvre presque un faux ami : j'aurais, en lisant rapidement, traduit «portato per» par porté sur, avoir du goût pour... plutôt que doué.
RépondreSupprimerEncore merci pour votre travail.
Me permettrez-vous de vous envoyer un jour les assez nombreuses raisons qui me font trouver la traduction de Poa Poa par Nicole Sels assez franchement mauvaise ?
Franck M Chamonix
(Ah il faudra aussi que j'explique un jour à M. Camus les raisons, évidentes pour moi, de l'usage d'un pseudonyme sur le net !)
Merci de votre lecture attentive ; cela m'a permis de corriger cette omission dans le texte !
SupprimerSur la traduction de "Pao Pao", je vous trouve sévère, Nicole Sels ne s'en est tout de même pas si mal tirée, d'autant plus que le texte italien n'est vraiment pas facile à traduire (j'ai fait moi-même un petit essai que l'on peut lire ici). Je lirai bien sûr avec grand plaisir vos remarques sur cette traduction ; vous pouvez me répondre dans les commentaires si vous le souhaitez.