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lundi 26 septembre 2016

Fino ai Cessati Spiriti




Versi d’ottobre

E’ qui dove vivendo si produce ombra, mistero
per noi, per altri che ha da coglierne e a sua volta
ne getta il seme alle sue spalle, è qui
non altrove che deve farsi luce.
E’ passata, ne resta appena traccia,
l’età immodesta e leggera
quando si aspetta che altri,
chiunque sia, diradi queste ombre.
Quel che verrà, verrà da questa pena.
Siedo presso il mio fuoco triste, attendo
finché nasca la vampa piena o il guizzo
sul sarmento bagnato dalla fiamma.

Tu che aspetti da fuori della casa,
della luce domestica, del giorno ?
Oggi, oggi che il vento
balza, corre nell’allegria dei monti
e a quell’annuncio di vino e di freddi
la furbizia dei vecchi scintilla tra le grinze ?
Quel che verrà, verrà da questa pena.
Altra sorte non spero mai, neppure
sotto il cielo di questo mese arcano
che il colore dell’uva si diffonde
e l’autunno ci spinge a viva forza
fino ai Cessati Spiriti o al Domine quo vadis ?

Mario Luzi Onore del vero


Vers d'octobre

C'est ici, où vivant l'on produit de l'ombre, mystère
pour nous, pour quiconque doit en récolter sa part et à son tour
en jette la semence derrière soi, c'est ici,
pas ailleurs, que doit se faire la lumière.
Il est passé, à peine en reste-t-il la trace,
l'âge prétentieux et léger
où l'on compte qu'un autre,
n'importe qui, dissipera ces ombres.
Ce qui adviendra, viendra de cette peine.
Je suis assis près de mon triste feu, j'attends
que surgisse la totale flambée ou l'éclair
de la flamme sur le sarment mouillé.

Toi, qu'attends-tu hors de la maison,
hors de la lumière domestique, hors du jour ?
Aujourd'hui, aujourd'hui que le vent
bondit, court dans l'allégresse des montagnes
et qu'à cette annonce de vin et de froids
la ruse des vieillards brille parmi les rides ?
Ce qui adviendra, viendra de cette peine.
Je n'espère jamais d'autre sort, pas même
sous le ciel de ce mois mystérieux
où la couleur du raisin se répand,
et où l'automne nous pousse de vive force
jusqu'aux Cessati Spiriti ou au Domine quo vadis ?

Traduction : Antoine Fongaro (Prémices du désert, Poésie / Gallimard, 2005)





Mario Luzi lit Versi d'ottobre :




On peut lire ici le texte de la seconde poésie dite par Mario Luzi : Ignominiosamente.


Mario Luzi en français : Terres de femmes, le site d'Angèle Paoli.

Images : Renaud Camus  (Site Flickr)

en bas, Michele Torretta  (Site Flickr)

3 commentaires:

  1. Magnifique! "La ruse des vieillards brille parmi les rides ?" J'allai oublier le point d'interrogation, et justement, pourquoi cette interrogation?

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    1. C'est un poème très mystérieux et j'aime la façon dont Luzi le récite, avec ses hésitations, sans quitter des yeux le texte, comme s'il n'était pas bien sûr de ce qu'il avait écrit... L'interrogation ne renvoie pas aux vieillards, mais plutôt au premier vers : "qu'attends-tu hors de la maison ?"

      La fin est à la fois lyrique et prosaïque (comme toutes les vies, après tout !) : passer de la mort à la résurrection, mais aussi de la rue des Cessati spiriti (les Esprits (ou les Fantômes) disparus), dans la périphérie de Rome (dans la zone de l'Appia Nuova) à l'église Quo vadis domine, qui est tout près de là (on l'appelle aussi Sainte-Marie-des-Palmes). Un saut dans l'inconnu ou une petite promenade, en quelque sorte...

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    2. Encore un lieu que je vais visiter grâce à vous! Probablement à Noël, je l'espère.

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