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jeudi 15 septembre 2011

La mer de Naples (Il mare di Napoli)




Celle de Naples n'est pas une mer vaste. On la saisit d'un seul regard. Les jours de beau temps, on distingue nettement ses limites : Ischia, Capri, la Pointe de la Campanella, Sorrente, le pic du Faito, le Vésuve, Pompei jusqu'à Portici – autrefois royale – et Naples, bouclant ainsi un cercle presque parfait.

Mais c'est une mer qui, comme ses habitants, a des sautes d'humeur. Elle peut passer de la taille d'une piscine à celle d'un océan, du balancement d'un berceau au clair de lune à la tempête la plus hurlante, se creusant tel un abîme et interdisant aux navires de dépasser les Bocche di Capri. Si quelque vaisseau ose s'y aventurer avec ses feux de signalisation et sa faible sirène, il fait songer à une âme errante et damnée.

 


Entre aube et aurore, rougie par le soleil qui pointe, elle devient une mer boréale, aussi froide et indifférente que si elle appartenait à un autre, aux cartes maritimes de l'Arctique. Plus tard, enceinte de soleil, elle se fait convexe et infranchissable. C'est comme si les navires devaient escalader une montagne. Mais la plupart du temps, elle se dissout en flocons d'écume enfantins et légers sur lesquels les petites barques peuvent naviguer tranquillement.

C'est ça, la mer de Naples, une petite mer, capable de se soulever comme les Alpes, ou de s'abaisser comme un pré.

Domenico Rea Naples, visite privée Editions du Chêne, 1991 (Traduction : Marguerite Pozzoli)






Toutes les photographies sont de Michele Mazzella (Site Flickr)


1 commentaire:

  1. Grand merci pour ce présent !
    Voila ce que je nomme un écrivain : poésie pure "flocons d'écumes enfantins" et magnifiques métaphores.Je doute pouvoir trouver ce livre ici (Côte d'Ivoire) mais, j'attendrai...
    Et en plus, la divine en couverture...Quel bonheur!
    Encore merci

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