Translate

dimanche 30 mars 2014

Consolations


"Nadie es inconsolable ante la memoria de Caeiro, o de sus versos ; y la propia idea de la nada — la más pavorosa de todas si se piensa con la sensibilidad — tiene, en la obra y en el recuerdo de mi maestro querido, alguna cosa de luminoso y de elevado, como el sol sobre las nieves de las cumbres inaccesibles." 



"Nessuno è inconsolabile se ha presente il ricordo di Caeiro e dei suoi versi. E la stessa idea del nulla (la più orribile di tutte, per chi è capace di sentire) possiede, nell'opera e nel ricordo del mio amato Maestro, qualcosa di luminoso e di alto, come il sole che batte sulle nevi di vette irraggiungibili."

Alvaro de Campos

"Personne n'est inconsolable si le souvenir de Caeiro et de ses vers est présent en lui. Et l'idée même du néant (la plus horrible de toutes, pour ceux qui sont capables de l'éprouver) possède, dans l’œuvre et le souvenir de ce Maître qui m'est si cher, quelque chose de lumineux et d'élevé, comme le soleil sur les neiges des cimes inaccessibles."

Alvaro de Campos






Trois poèmes d'Alberto Caeiro, l'un des hétéronymes de Fernando Pessoa, extraits du recueil O Guardador de Rebanhos [Le Gardien de troupeaux], 1911-1912 :


O luar quando bate na relva
Não sei que cousa me lembra...
Lembra-me a voz da criada velha
Contando-me contos de fadas.
E de como Nossa Senhora vestida de mendiga
Andava à noite nas estradas
Socorrendo as crianças maltratadas ...
 

Se eu já não posso crer que isso é verdade,
Para que bate o luar na relva?

Alberto Caeiro  O Guardador de Rebanhos - Poema XIX 



La luce della luna, quando batte sull'erba,
non so cosa mi fa ricordare...
Mi ricorda la voce della vecchia domestica
che mi raccontava novelle di fate,
e di come la Madonna vestita da mendicante
girava la notte per le strade
soccorrendo i bambini maltrattati...

Se non posso più credere che ciò sia vero,
perché batte il chiaro di luna sull'erba ? 

Traduction italienne : Maria José de Lancastre


Le clair de lune, quand il frappe l'herbe,
je ne sais pas ce qu'il me rappelle...
Il me rappelle la voix de la vieille servante
qui me contait des contes de fées,
et la façon dont la Madone vêtue en mendiante
s'en allait la nuit dans les rues
au secours des enfants maltraités...

Si je ne peux plus croire que tout cela soit vrai,
pourquoi le clair de lune frappe-t-il l'herbe ?

(Traduction personnelle) 






Quem me dera que eu fosse o pó da estrada
E que os pés dos pobres me estivessem pisando...
 

Quem me dera que eu fosse os rios que correm
E que as lavadeiras estivessem à minha beira...
 

Quem me dera que eu fosse os choupos à margem do rio
E tivesse só o céu por cima e a água por baixo. . .
 

Quem me dera que eu fosse o burro do moleiro
E que ele me batesse e me estimasse...
 

Antes isso que ser o que atravessa a vida
Olhando para trás de si e tendo pena

Alberto Caeiro  O Guardador de Rebanhos - Poema XVIII 



Potessi essere la polvere della strada
e i piedi dei poveri mi calpestassero...

Potessi essere i fiumi che scorrono
e avere le lavandaie sulla mia riva...

Potessi essere i pioppi sulla sponda del fiume
soltanto col cielo sopra e l'acqua sotto...

Potessi essere l'asino del mugnaio
che da questi è picchiato ed è stimato...

Quanto meglio che essere colui che attraversa la vita
guardando dietro di sé e rimpiangendo...

Traduction italienne : Maria José de Lancastre


Que ne suis-je la poussière du chemin
foulée par les pieds des pauvres...

Que ne suis-je les fleuves qui coulent
avec les lavandières sur mes berges...

Que ne suis-je les peupliers au bord du fleuve,
le ciel seul au-dessus de moi et l'eau à mes pieds...

Que ne suis-je l'âne du meunier
par son maître à la fois frappé et aimé...

Plutôt cela qu'être celui qui traverse la vie
et regardant derrière lui ne voit que des regrets...
 

(Traduction personnelle)





Leve, leve, muito leve,
Um vento muito leve passa,
E vai-se, sempre muito leve.
E eu não sei o que penso
Nem procuro sabê-lo.

Alberto Caeiro  O Guardador de Rebanhos - Poema XIII 



Lieve, lieve, molto lieve,
un vento molto lieve passa,
e se ne va, sempre molto lieve.
E io non so cosa penso
né cerco di saperlo. 

Traduction italienne : Maria José de Lancastre


Léger, léger, très léger,
un vent très léger passe,
et s'en va, toujours très léger.
Et moi, je ne sais pas ce que je pense
et ne cherche pas à le savoir.

(Traduction personnelle) 






Images : (1)  Andrea Sorci  (Site Flickr)

(2) Paolo Gialdi  (Site Flickr)

(3) Mari Miao  (Site Flickr

(4) Andrea Pavan  (Site Flickr)



1 commentaire:

  1. La lune, le vent, la poussière du chemin... J'y ajoute la neige en écho à votre belle page d'hier.

    "Sur toute chose la neige a posé une nappe de silence.
    On n'entend que ce qui se passe à l'intérieur de la maison.
    Je m'enveloppe dans une couverture et je ne pense même pas à penser.
    J'éprouve une jouissance animale et vaguement je pense,
    et je m'endors sans moins d'utilité que toutes les actions du monde."
    (Traduit par Armand Guibert pout Poésie /Gallimard) - L'original n'est pas donné.

    Ce qui me plait chez Alvaro de Campos, Alberto Caeiro, c'est que liés à leur créateur Fernando Pessoa, bien que différents les uns des autres, ils donnent , ensemble une poésie d'une profonde unité, douce, "intranquille", douloureuse souvent, frôlant l'indicible et une conscience de l'absurde, du néant.
    Dans Le livre de l'intranquillité, (traduit du portugais par Françoise Laye) Fernando Pessoa écrit :
    " Éternels passagers de nous-mêmes, il n'est pas d'autre paysage que ce que nous sommes. Nous ne possédons rien, car nous ne nous possédons pas nous-mêmes." (123)

    RépondreSupprimer