"Altrove, in lontananza, e tardi, o forse mai !"
J'ai marché avec toi sous les arbres, le long du canal de Brienne, à Toulouse, un dimanche après-midi de premier printemps. Nous nous sommes assis jambes ballantes au-dessus du bassin, entre les Ponts-Jumeaux, au pied de l'immense bas-relief qui représente La Jonction du canal du Languedoc avec la Garonne. Un chien errant qui courait sur les talus s'est pris pour nous d'amitié, puis il nous a quittés brusquement, comme pour un rendez-vous oublié.
J'ai longuement bavardé avec toi, tard dans la nuit, sur un banc du grand boulevard
des Rois-Catholiques, à Burgos. Tu étais venu une fois à Paris, mais
c'était pour une retraite dans un couvent d'Asnières ou de Clichy, et tu
n'avais fait qu'apercevoir le Sacré-Coeur, de loin. Tu ne m'as pas invité à monter chez toi, juste au-dessus. Je crois bien que je te faisais peur.
Tu
m'as aidé dans mes démêlés avec la police, après qu'on m'avait volé le
petit poste de radio de ma voiture, derrière la plage, à Caparica.
Et gentiment tu me faisais du genou, d'une chaise à l'autre, devant le
bureau de l'officier qui nous interrogeait. Tu me disais en français
quels mensonges je devais lui raconter pour qu'il prenne au sérieux
l'épisode, et lui nous a plus tard donné congé dans un français
impeccable.
Toi et moi nous sommes appuyés, un soir d'automne, contre un buste d'Humbert Ier dans un jardin très sombre de Fiesole, sous le couvent de San Francesco.
Mais tu n'étais pas le même, et moi non plus.
Renaud Camus Notes achriennes Hachette P.O.L, 1982
Images : en haut, Els Slots (Site Flickr)
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