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samedi 27 mai 2017

Âme, te souvient-il ? (Anima, ti sovviene ?)




Âme, te souvient-il, au fond du paradis,
De la gare d’Auteuil et des trains de jadis
T’amenant chaque jour, venus de La Chapelle ?
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle
Mes stations au bas du rapide escalier
Dans l’attente de toi, sans pouvoir oublier
Ta grâce en descendant les marches, mince et leste
Comme un ange le long de l’échelle céleste.
Ton sourire amical ensemble et filial,
Ton serrement de main cordial et loyal.
Ni tes yeux d’innocent, doux mais vifs, clairs et sombres
Qui m’allaient droit au cœur et pénétraient mes ombres.
Après les premiers mots de bonjour et d’accueil.
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil,
Et sous les arbres pleins d’une gente musique,
Notre entretien était souvent métaphysique.
Ô tes forts arguments, ta foi du charbonnier !
Non sans quelque tendance, ô si franche ! à nier,
Mais si vite quittée au premier pas du doute !
Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt,
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt,
Et dépêcher longtemps une vague besogne.

Mon pauvre enfant, ta voix dans le bois de Boulogne !

Paul Verlaine  Amour, Lucien Létinois



 


Anima, ti sovviene, dal fondo del paradiso,
La stazione di Auteuil e i treni di un tempo,
Che ogni giorno, da La Chapelle, ti recavano ?
«Un tempo», già ! Eppure, oh come mi rammento
Le mie soste ai piedi della ripida scala,
Nell'attesa di te, senza poter scordare
La grazia tua mentre scendevi i gradini snello e svelto,
Come un angelo lungo la scalinata celeste ;
Il tuo sorriso d'amico e insieme di figlio,
La stretta di mano cordiale e leale, i tuoi occhi
Innocenti, dolci e vivi, chiari e fondi,
Che andavano al mio cuore penetrando le ombre.
Dopo le prime parole d'accoglienza e saluto,
Il mio vecchio braccio nel tuo, lasciavamo Auteuil,
E sotto gli alberi pieni d'una gentile musica
Era il nostro, sovente, un dialogo metafisico.
Oh i tuoi argomenti forti, la tua fede ingenua !
Non senza una tendenza, però aperta ! a negare,
Abbandonata presto, al primo passo del dubbio !
Più che lenti, un po' come scolari per la strada,
Rincasavamo : da me, da noi piuttosto,
A pranzare di niente e a fumacchiare in fretta,
Per poi occuparci a lungo di compiti incerti.

Oh mio povero figlio, la tua voce nel Bois de Boulogne !

Traduction (magnifique) : Diana Grange Fiori










Images : Source




3 commentaires:

  1. C'est beau les souvenirs... vrais et imaginaires , les deux mêlés pour notre bonheur ou notre nostalgie, l'un étant souvent l'autre nom de l'autre. Vivre c'est un peu se faire des souvenirs...

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  2. Quelle fascinant palimpseste offert par cette collection de cartes postales des années 1900. Et comme Christine Sèvres sait chanter ces mots. L'attente d'un être aimé, dans une gare, un aéroport et l'éblouissement d'une silhouette qui se rapproche. Ces conversations à n'en plus finir, juste pour dérouler en voix off, l'amour et le désir. Tout cela est bien beau, Emmanuel, même si avec Verlaine, les souvenirs se teintent de mélancolie. Mais sait-on que l'on aime au présent ?

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    1. J'aime beaucoup la voix de Christine Sèvres ; encore une âme sensible partie trop tôt...

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