Dans son Libro di candele (Livre de chandelles), Eugenio Baroncelli raconte "en deux ou trois poses", deux cent soixante-sept vies, comme autant de bougies allumées pour entretenir la mémoire ou raviver le souvenir. Par exemple, ici, celui du fantasque footballeur italien Renato Cesarini :
Renato Cesarini, attaccante dandy
Nacque a Senigallia nel 1906. A nove mesi salpò per l’Argentina sul piroscafo Mendoza. Sbarcò a Buenos Aires che ne aveva dieci. Fu calzolaio, acrobata, pugile, radiocronista e chitarrista. Fu anche funebrero, cioè becchino. Tirò i primi calci in un campetto della Chacarita, quartiere in cui sorgeva un cimitero e che dava il nome alla squadra : la stessa terra per giocare e per seppellire i morti. Aveva talento e fiuto per il gol. Aveva il naso triste di Bartali, il viso affilato, gli occhi come scintille, e un ciuffo ribelle a qualsiasi brillantina.
Nel gennaio del 1930, comprato dalla Juventus, tornò in Italia : portava una sciarpa di seta, gemelli d’oro e borsalino di marca. Diventò compagno di Virginio Rosetta, che non amava i colpi di testa perché gli sciupavano la permanente, e Felicino Borel, che aveva i piedini di una principessa cinese. Imparò l’italiano nei bordelli di piazza Castello. A Torino aprì un locale di tango e vestì i camerieri da gauchos. Più rousseliano di Roussel, cambiava camicia tre volte al giorno. Dormiva in lenzuola di seta e fumava tre pacchetti di sigarette al giorno. Una volta arrivò all’allenamento scendendo in smoking dal taxi. Il 13 dicembre 1931, guadagnata la maglia azzurra, segnò al novantesimo il gol con cui noi battemmo gli ungheresi e lui battezzò la zona passata in proverbio.
Nel 1935 tornò in Argentina, dove vinse due scudetti come allenatore del River Plate. Morì nel 1969, nel sonno, con indosso il suo pigiama di seta.
Eugenio Baroncelli Libro di candele, Sellerio Ed., 2010
Renato Cesarini, l'attaquant dandy
À l’âge de neuf mois, il embarqua pour l’Argentine sur le paquebot Mendoza. Il en avait dix quand il débarqua à Buenos Aires. Il fut cordonnier, acrobate, boxeur, présentateur de radio et guitariste. Il fut aussi funebrero, c'est-à-dire fossoyeur. Il commença à taper dans un ballon sur le petit terrain de la Chacarita, un quartier où se trouvait un cimetière et qui donnait son nom à l’équipe de football : la même terre pour jouer et pour ensevelir les morts. Il avait le talent et le flair du buteur. Il avait le nez triste de Bartali, le visage émacié, les yeux comme des étincelles, et des mèches rebelles à toutes les brillantines.
En janvier 1930, acheté par la Juventus, il retourna en Italie : il portait une écharpe de soie, des boutons de manchettes en or et un Borsalino. Il devint l’ami de Virginio Rosetta, qui n’aimait pas le jeu de tête parce que cela dérangeait sa coiffure, et de Felicino Borel, qui avait les petits pieds d’une princesse chinoise. Il apprit l’italien dans les bordels de la piazza Castello. Il ouvrit à Turin une boîte à tango où les serveurs étaient habillés comme des gauchos. Plus roussellien que Roussel, il changeait de chemise trois fois par jour. Il dormait dans des draps de soie et fumait chaque jour trois paquets de cigarettes. On le vit une fois descendre d’un taxi en smoking pour se rendre à l'entraînement. Le 13 décembre 1931, sous le maillot de l’équipe nationale, il marqua à la quatre-vingt-dixième minute le but qui permit à l'Italie de remporter la victoire contre l'équipe de Hongrie ; c’est ainsi qu’il donna son nom à la zone devenue proverbiale (1).
En 1935, il retourna en Argentine, où il remporta deux titres de champion comme entraîneur du River Plate. Il mourut en 1969, dans son sommeil, vêtu de son pyjama de soie.
(Traduction personnelle)
(1) En Italie, les commentateurs des matchs de football ont l'habitude de parler d'un but marqué "in zona Cesarini" ("en zone Cesarini") quand le joueur marque dans les toutes dernières minutes (ou secondes) de la partie. (Note du traducteur)
Images : en haut, Wiki Commons
au centre (Source)
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