Reverrons-nous un jour la neige à Noël ?
C'erano nel bianco riverberi di bianco, che spumeggiando rotolavano su una distesa bianca, il cielo, sopra, era bianco, un cielo perso nella luce che lo abbagliava di bianco, è assenza, mi dicevo, è vuoto d'assenza, ma era un bianco che innevava i pensieri, un abisso di bianco che cancellava ogni cosa, a guardare bene anche il fondo del bianco, il suo incavo, il suo riflesso erano bianchi, è il silenzio, mi dicevo, il silenzio dell'origine, o della fine, ma era solo un immenso lenzuolo bianco sotto cui dormivano bianche moltitudini, qua e là s'affaciavano parvenze vestite di bianco, disfatte subito nel bianco, s'affaciavano simulacri imbiancati, smarriti nei loro bianchi pensieri, è il nulla, mi dicevo, il bianco del nulla, ma era soltanto un sogno di bianco che generava bianco, così quando fui sveglio guardai a lungo, di là dalla finestra, la luna, che quella notte era bellissima e bianca.
Antonio Prete Menhir ed. Donzelli, 2007
Il y avait dans le blanc des miroitements de blanc, qui en moussant roulaient sur une étendue blanche, le ciel, au-dessus, était blanc, un ciel perdu dans la lumière qui l'éblouissait de blanc, c'est l'absence, me disais-je, c'est le vide de l'absence, mais c'était un blanc qui recouvrait de neige les pensées, un abîme de blanc qui effaçait toute chose, à bien y regarder même le fond du blanc, sa cavité, son reflet étaient blancs, c'est le silence, me disais-je, le silence de l'origine, ou de la fin, mais ce n'était qu'un immense drap blanc sous lequel dormaient de blanches multitudes, ça et là apparaissaient des ombres vêtues de blanc, qui se fondaient aussitôt dans le blanc, des simulacres blanchis apparaissaient, égarés dans leurs blanches pensées, c'est le néant, me disais-je, le blanc du néant, mais ce n'était qu'un rêve de blanc qui engendrait du blanc, ainsi à mon réveil je regardai longtemps par la fenêtre, la lune, qui cette nuit-là était très belle et blanche.
(Traduction personnelle)
Le blanc. J'ai une amie qui n'aime que le blanc, "si raffiné", dit-elle, si "élégant". Chez elle, tout est blanc : les murs, les tapis, les meubles, les fleurs dans les vases et son jardin n'est planté que d'arbres ou de massifs à fleurs blanches. Quand je vais chez elle, je frissonne. D'ailleurs, j'y vais de moins en moins, j'ai l'impression d'entrer dans mon linceul et tout ce blanc m'aveugle.
RépondreSupprimerTriomphal oratorio et défilé de tableaux magnifiques dans lesquels le blanc fait vibrer les autres couleurs et inversement. Que pourrait être, en musique, une note blanche?
Je me demandais, quel signe de Noël vous alliez nous offrir cette année, Emmanuel. Et c'est le "blanc" de ce qui n'a pas encore été marqué d'une empreinte : pas, écriture... SILENCE.
RépondreSupprimerPour vous et les amis d'ici, en présent de Noël, ces lignes de P.Jaccottet, extraites d'un texte sublime, "Le Bol du pèlerin".
(p.1150 du Pléiade /Gallimard). C'est à propos de l'œuvre de Morandi.
"Il y a quelquefois des couleurs particulièrement austères, hivernales, de bois et de neige, qui vous font prononcer derechef le beau mot de "patience", qui vous font penser à la patience des vieux paysans ou à celle du moine, dans sa robe de bure : un même silence que sous la neige ou entre les murs de chaux d'une cellule. La patience qui signifie avoir vécu, avoir peiné, avoir "tenu" : avec modestie, endurance, mais sans révolte, ni indifférence, ni désespoir ; comme si, de cette patience, on attendait tout de même un enrichissement ; à croire qu'elle permettrait de s'imprégner sourdement de la seule lumière qui compte."
Quelle belle poésie, fluide et pur comme du blanc de lys.
RépondreSupprimerJe crois que c'est Italo Svevo qui écrit dans un de ses livres que la chose extraordinaire avec la neige c'est que pas un flocon n'est identique.
RépondreSupprimerCe texte me remet en mémoire ce poème de Kenneth White :
RépondreSupprimerOù va le Monde ?
Vers le Blanc
Où va le Blanc ?
Vers le Vide
Où va le Vide ?
Le Vide va et vient
Comme le Vent
Kenneth White