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lundi 30 janvier 2012

Partenze (Départs)



"... cume frasche, lu ventu..."





Io ho visto molti traghetti. Ne ho sentito l'odore di nafta, ne ho toccato i legni viscidi di salsedine. Ho attraversato molte volte quella passerella dal Tutto al Nulla basculante. Per poi rientrare in un altro Tutto, che è il Mondo questa volta. Ho dovuto capire presto che attraversare quella passerella era il modo per abitare l'altrove. Io so che c'erano giorni terribili, quando su quel traghetto si saliva per conoscere gli ospedali, per trovare un lavoro, per sostenere un concorso. C'erano anche albe bellissime del tutto rovinate dall'angoscia della partenza, che era strada da percorrere e mare da navigare. 

Io ho visto quei giorni lì, quando anche la gioia per l'avventura si trasformava nella stretta per la navigazione, quando l'entusiasmo per quanto ci aspettava oltremare era appannato da un senso inenarrabile di solitudine. Io ci sono salito spesso su quelle passerelle per passare da me a me. Con terrore entusiastico e con la stretta alla gola che ti afferava non appena il traghetto cominciava a vibrare, ché da lì in poi si andava e non era possibile tornare indietro. 

Quando si parte non si torna più, quando si nasce non si può più andar via. Prigione marina e mare autostrada. Del resto non è proprio il mare che rende un isola un corpo a sé ? 

Marcello Fois In Sardegna non c'è il mare, Laterza Ed., 2008





J’ai vu beaucoup de bateaux. J’ai senti leur odeur de mazout, j’ai touché leurs planchers que le sel a rendus glissants. J’ai emprunté plusieurs fois cette passerelle basculant du Tout au Rien. Pour conduire à un autre Tout, qui cette fois-ci est le Monde. J’ai dû comprendre très rapidement que franchir cette passerelle était une façon d’habiter l’ailleurs. Je sais qu’il y avait des jours terribles, quand on montait sur ce bateau pour rejoindre des hôpitaux, pour trouver du travail, pour passer un concours. Il y avait aussi des aubes magnifiques complètement gâchées par l’angoisse du départ, qui représentait le chemin à parcourir et la mer à traverser. 

J’ai connu ces jours-là, quand même la joie de l’aventure se changeait en peur de la navigation, quand l’enthousiasme à l’idée de tout ce qui nous attendait de l’autre côté de la mer était assombri par un indicible sentiment de solitude. J’ai souvent emprunté ces passerelles pour aller de moi à moi. Avec une terreur enthousiaste et cette boule dans la gorge qui se formait dès que le bateau commençait à vibrer, parce que cela signifiait que l’on était parti et qu’il n’était plus possible de revenir en arrière. 

Quand on part, on ne revient plus ; quand on est né, on ne peut plus s’échapper. Prison marine et mer comme une autoroute. D'ailleurs, n’est-ce pas justement la mer qui fait qu’une île est un corps en soi ?

(Traduction personnelle) 







 Images : en haut, Site Flickr 

au centre : Laurent Philippe (Site Flickr

en bas, Marco Venturini (Site Flickr)



2 commentaires:

  1. Cette passerelle franchie comme on prend un chemin sans retour ouvre à une rêverie sombre. Ce texte est obsédant et beau.

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    1. Oui, et beaucoup d'insulaires s'y reconnaîtront, quelle que soit leur île...

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