"Chez Louise Labé, comme chez son contemporain Ronsard, les notes hautes sont données par un décor sylvestre et mythologique ; chez Louise de Vilmorin, par ses propres paroles (sa conversation ressemblait souvent à son art), et par une féerie, la féerie de L'Heure Maliciôse, que son indépendance de ballon rouge au gré du vent délivre de son époque, ce qui n'est pas rien. Les poèmes donnent d'abord l'impression d'un jeu permanent, lié à un opéra de perce-neige, de tantes, de tours, de châles, d'officiers de la garde blanche, de dormeurs vrais ou faux, de pharmaciens à bocaux, d'allées, de chemises de nuit, de voyageurs en noir..."
André Malraux Préface aux Poèmes de Louise de Vilmorin, Gallimard, 1970
Officiers de la garde blanche,
Gardez-moi de certaines pensées la nuit.
Gardez-moi des corps à corps et de l'appui
D'une main sur ma hanche.
Gardez-moi surtout de lui
Qui par la manche m'entraîne
Vers le hasard des mains pleines
Et les ailleurs d'eau qui luit.
Épargnez-moi les tourments en tourmente
De l'aimer un jour plus qu'aujourd'hui,
Et la froide moiteur des attentes
Qui presseront aux vitres et aux portes
Mon profil de dame déjà morte.
Officiers de la garde blanche,
Je ne veux pas pleurer pour lui
Sur terre. Je veux pleurer en pluie
Sur sa terre, sur son astre orné de buis,
Lorsque plus tard je planerai transparente
Au-dessus des cent pas d'ennui.
Officiers des consciences pures,
Vous qui faites les visages beaux,
Confiez dans l'espace au vol des oiseaux
Un message pour les chercheurs de mesure
Et forgez pour nous des chaines sans anneaux.
Sur le site Terres de femmes, une lettre de Louise de Vilmorin à Francis Poulenc
Images : en haut, Source
en bas, Roger Schall (détail)
Images : en haut, Source
en bas, Roger Schall (détail)
Un beau poème, qui me donne envie de réformer mon ignorance sur toutes choses vilmorinesques.
RépondreSupprimerAh oui, cher ami, je vous y encourage vivement ! Le petit volume des "Poèmes" peut encore se trouver facilement sur les sites de livres d'occasion, et il est vraiment très beau.
SupprimerUne lettre de Louise de Vilmorin à Francis Poulenc, où il est fait allusion aux *Fiançailles pour rire*.
RépondreSupprimer